2- LE COLONIALISME
Pour bien comprendre la situation des pays du Tiers-Monde, dont Haïti fait parti, il faut bien saisir ce qu’est une colonie et ce qu’est le colonialisme.
D’abord établissons une règle simple et majoritairement vraie :
COLONIALISME ANCIEN = TIERS-MONDE ACTUEL
C’est donc dire que ce sont les pays conquérants européens qui sont responsables de la naissance du Tiers-Monde. Ce que nous vivons aujourd’hui est le fruit des choix du passé. C’est tellement vrai que les historiens de l’histoire contemporaine s’entendent pour dire que la colonisation en Afrique du Nord, surtout en Algérie, les dures répressions subit par les Berbères musulmans, le dénigrement de la culture arabe, la violence de la guerre d’Algérie (dite la « sale guerre ») ont une part importante dans la naissance de l’intégrisme musulman (comme mouvement d’affirmation national, culturel et religieux).
http://www.cvm.qc.ca/encephi/CONTENU/livres/Int%C3%A9grismes2.htm
Ainsi donc, nous nous serions nous même mis l’épine de l’intégrisme musulman dans le pied, ironique non ?
La colonisation de territoires par des États ou des peuples étaient à l’origine une pratique d’annexion pure et simple faite par les conquérants pour accroître leur espace vital. C’est une pratique vieille comme le monde, on connaît les empires romain, ottoman, mongol, perse, etc.
Le monde occidental moderne a connu deux importantes vagues d’expansion coloniale : La première suite aux grandes explorations et découvertes maritimes du 15-16ième s. (Vasco de Gama, Christophe Colomb, etc.)et la seconde aux 19-20ième s. et qui prend fin avec la Première Guerre Mondiale.
C’est au 16ième s. que la colonisation est juridiquement définie comme une « politique d’expansion pratiquée par certains États à l’égard de peuples moins développés obligés d’accepter des liens plus ou moins étroits de dépendance ». Ainsi l’occupation est reconnue comme un mode légal d’acquisition de territoire sans maître… En pratique, on s’en doute, la notion de « territoire sans maître » manifestait souvent une négation des droits des populations indigènes et de leur forme d’organisation socio-politique.
En 1789 a lieu la Révolution Française connu de tous comme étant la libération du joug monarchiste et de l’abolition des privilèges de la naissance. Avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, elle proclama l'égalité des citoyens devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la Nation, apte à se gouverner au travers des représentants élus. On peut y lire « Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ».
On serait donc en droit de penser qu’il y aura de grands changements dans les colonies… Pourtant en 1791, l’évêque Maury devant l’Assemblée nationale française adresse publiquement un vibrant plaidoyer contre l’abolition de la traite des esclaves et la libération des colonies.
« Si vous deviez chaque année, perdre plus de 200 millions de livres que vous recevez actuellement de vos colonies; si vous n’aviez pas le monopole du commerce avec vos colonies pour alimenter vos usines, entretenir votre flotte, faire marcher votre agriculture, payer vos importations, satisfaire vos besoins de luxe, rétablir l’équilibre de votre commerce avec l’Europe et l’Asie, alors je le dis tout net, le royaume serait immédiatement perdu.»
http://www.michelcollon.info/index.php?option=com_content&view=article&id=2486:sans-les-esclaves-nous-serions-perdus&catid=1:articles&Itemid=2
On constate vite que les intérêts économiques sont puissants. Le nouveau régime entend absolument conserver de l’ancien cette source de profits gigantesques. Certes, la Convention abolira formellement l’esclavage en 1794, mais elle se gardera bien d’appliquer cette décision. Et avec Bonaparte on verra un net recul.
Plus tard, vers 1868, avec l’apparition des théorie de Darwin sur l’évolution des espèces et la sélection naturelle, commence à apparaître la notion de « darwinisme social ». Envisagé à l’échelle de la compétition entre les humains et non des animaux, le darwinisme social préconisait la levée des mesures de protection sociale, l’abolition des lois sur les pauvres ou l’abandon des conduites charitables (puisque la survie appartenait au plus fort). À l’échelle de la compétition entre les groupes humains, il faisait de la lutte entre les «races» le moteur de l’évolution humaine. Ce qui permit à certains intellectuels de l’époque de faire de l’impérialisme et du colonialisme un triomphe « du progrès sur les races moins avancés ».
En 1885, le député Jules Ferry écrivit : « Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures, un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieure »
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/algerie-2Histoire.htm
Mais quelques soient les justifications idéologiques, les motivations du colonialisme sont foncièrement égoïstes et avant tout matérialistes.
Elles sont en gros celles-ci :
-S’emparer des richesses d’un pays et assurer l’approvisionnement du pays conquérant (dite Métropole) en matières premières.
-Garantir des déboucher à l’industrie nationale du pays conquérant en cas de surproduction.
-Conquérir un espace de peuplement
-Contrôler les routes commerciales
-Contrôler la traite négrière
-Accomplir un « mission civilisatrice » issue de l’humanisme des Lumières
-Établir la domination d’une race jugée supérieure sur une autres dites dite inférieure.
-Répandre une religion
-------------------
Ce texte se poursuivra dans les jours qui suivent.
© la reproduction de ce texte est interdite sans ma permission.
Pour bien comprendre la situation des pays du Tiers-Monde, dont Haïti fait parti, il faut bien saisir ce qu’est une colonie et ce qu’est le colonialisme.
D’abord établissons une règle simple et majoritairement vraie :
COLONIALISME ANCIEN = TIERS-MONDE ACTUEL
C’est donc dire que ce sont les pays conquérants européens qui sont responsables de la naissance du Tiers-Monde. Ce que nous vivons aujourd’hui est le fruit des choix du passé. C’est tellement vrai que les historiens de l’histoire contemporaine s’entendent pour dire que la colonisation en Afrique du Nord, surtout en Algérie, les dures répressions subit par les Berbères musulmans, le dénigrement de la culture arabe, la violence de la guerre d’Algérie (dite la « sale guerre ») ont une part importante dans la naissance de l’intégrisme musulman (comme mouvement d’affirmation national, culturel et religieux).
http://www.cvm.qc.ca/encephi/CONTENU/livres/Int%C3%A9grismes2.htm
Ainsi donc, nous nous serions nous même mis l’épine de l’intégrisme musulman dans le pied, ironique non ?
La colonisation de territoires par des États ou des peuples étaient à l’origine une pratique d’annexion pure et simple faite par les conquérants pour accroître leur espace vital. C’est une pratique vieille comme le monde, on connaît les empires romain, ottoman, mongol, perse, etc.
Le monde occidental moderne a connu deux importantes vagues d’expansion coloniale : La première suite aux grandes explorations et découvertes maritimes du 15-16ième s. (Vasco de Gama, Christophe Colomb, etc.)et la seconde aux 19-20ième s. et qui prend fin avec la Première Guerre Mondiale.
C’est au 16ième s. que la colonisation est juridiquement définie comme une « politique d’expansion pratiquée par certains États à l’égard de peuples moins développés obligés d’accepter des liens plus ou moins étroits de dépendance ». Ainsi l’occupation est reconnue comme un mode légal d’acquisition de territoire sans maître… En pratique, on s’en doute, la notion de « territoire sans maître » manifestait souvent une négation des droits des populations indigènes et de leur forme d’organisation socio-politique.
En 1789 a lieu la Révolution Française connu de tous comme étant la libération du joug monarchiste et de l’abolition des privilèges de la naissance. Avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, elle proclama l'égalité des citoyens devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la Nation, apte à se gouverner au travers des représentants élus. On peut y lire « Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ».
On serait donc en droit de penser qu’il y aura de grands changements dans les colonies… Pourtant en 1791, l’évêque Maury devant l’Assemblée nationale française adresse publiquement un vibrant plaidoyer contre l’abolition de la traite des esclaves et la libération des colonies.
« Si vous deviez chaque année, perdre plus de 200 millions de livres que vous recevez actuellement de vos colonies; si vous n’aviez pas le monopole du commerce avec vos colonies pour alimenter vos usines, entretenir votre flotte, faire marcher votre agriculture, payer vos importations, satisfaire vos besoins de luxe, rétablir l’équilibre de votre commerce avec l’Europe et l’Asie, alors je le dis tout net, le royaume serait immédiatement perdu.»
http://www.michelcollon.info/index.php?option=com_content&view=article&id=2486:sans-les-esclaves-nous-serions-perdus&catid=1:articles&Itemid=2
On constate vite que les intérêts économiques sont puissants. Le nouveau régime entend absolument conserver de l’ancien cette source de profits gigantesques. Certes, la Convention abolira formellement l’esclavage en 1794, mais elle se gardera bien d’appliquer cette décision. Et avec Bonaparte on verra un net recul.
Plus tard, vers 1868, avec l’apparition des théorie de Darwin sur l’évolution des espèces et la sélection naturelle, commence à apparaître la notion de « darwinisme social ». Envisagé à l’échelle de la compétition entre les humains et non des animaux, le darwinisme social préconisait la levée des mesures de protection sociale, l’abolition des lois sur les pauvres ou l’abandon des conduites charitables (puisque la survie appartenait au plus fort). À l’échelle de la compétition entre les groupes humains, il faisait de la lutte entre les «races» le moteur de l’évolution humaine. Ce qui permit à certains intellectuels de l’époque de faire de l’impérialisme et du colonialisme un triomphe « du progrès sur les races moins avancés ».
En 1885, le député Jules Ferry écrivit : « Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures, un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieure »
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/algerie-2Histoire.htm
Mais quelques soient les justifications idéologiques, les motivations du colonialisme sont foncièrement égoïstes et avant tout matérialistes.
Elles sont en gros celles-ci :
-S’emparer des richesses d’un pays et assurer l’approvisionnement du pays conquérant (dite Métropole) en matières premières.
-Garantir des déboucher à l’industrie nationale du pays conquérant en cas de surproduction.
-Conquérir un espace de peuplement
-Contrôler les routes commerciales
-Contrôler la traite négrière
-Accomplir un « mission civilisatrice » issue de l’humanisme des Lumières
-Établir la domination d’une race jugée supérieure sur une autres dites dite inférieure.
-Répandre une religion
-------------------
Ce texte se poursuivra dans les jours qui suivent.
© la reproduction de ce texte est interdite sans ma permission.
Après toutes ces années de domination c'est un long cheminement pour reprendre le dessus.
RépondreSupprimertu as tellement raison... et tu verras dans les billets suivants que même en ayant secoué le joug de l'esclavage rien ne sera définitivement gagné pour la petite nation haïtienne.
RépondreSupprimerFinalement, on a beau changer les noms, les dates, les lieux, le climat, les situations, l'histoire se répète inlassablement, c'est la domination du plus fort sur le plus faible, par l'idéologie ou le profit.
RépondreSupprimerMême si ma conclusion peut te sembler défaitiste, je veux continuer de lutter contre ça à ma manière, comme simple citoyenne, et la meilleure façon d'y arriver, c'est d'en être consciente et informée, de comprendre comment, dans chaque coin de la planète et à diverses époques, cette « loi implacable » s'est vécue ou exercée.
Tous les pouvoirs, politiques, économiques, idéologiques, et maintenant médiatiques (le 4e pouvoir) sont intimement liés et ont des impacts sur nos sociétés. On le voit aussi à plus petite échelle.
C'est sûr qu'on pourra en tirer quelques leçons!
hihi j'ai lu tes 2 billets sur Haiti même si je ne laissais pas de commentaire... j'attendais le bon moment pour te le dire mais là tu m'as un peu forcé la main :-)
RépondreSupprimerÉléonore,
RépondreSupprimertu sais profiter à bon escient de l'occasion qui se presente pour faire avancer notre vision sur les peuples trop longtemps colonisés. L'histoire est un bon maître pour bien évaluer les réalités.
J'avoue que je n'avais jamais eu l'occasion de jeter un regard aussi positif sur le peuple haïtien. C'est une retombée positive d'un événement insensé à prime abord.
Le film Devine qui vient diner avec Sydney Poitier illustrait bien, il y a de nombreuses années, comment des intellectuels bien pensants continuait à entrenir des préjugés quand ils étaient confrontés à des situations qui les touchaient de près.
Bravo pour ce billet si enrichissant.
Un petit kikou....
RépondreSupprimerÉléonore, j'ai l'intention de lire tes billets sur Haïti quand j'aurai un peu plus de temps, alors n'efface rien ! Ça me semble très instructif.
Très intéressant,merci Éléonore.
RépondreSupprimer@ Zoreille tu fais bien de parler du pouvoir médiatique, il a eu grande capacité de manipulation. On le voit bien avec la crise de la H1n1 mais on voit aussi que la force du net est de pouvoir diffuser une autre information.
RépondreSupprimer@Gaétan je suis désolée de t'avoir donné cette impression, mais j'ai passé plus de 40 heures en lecture et rédaction pour les 4 ou 5 billets, j'ai appris beaucoup, mais je voudrais aussi partager mes découvertes.
RépondreSupprimerMerci de ta visite.
Merci Jackss, si tu poursuis tes lectures tu verras que les USA vont justement garder des préjugés envers Haïti parce que se sera un pays de noirs...
RépondreSupprimer@ rainette j'efface rien :)
RépondreSupprimerBienvenue ici Yvan et merci de ta visite.
RépondreSupprimerc'est passionnant. J'attends la suite.
RépondreSupprimerj'aime beaucoup ton etude sur Haiti et les propos de Canadiens et autres people..et sur le colonialisme, tout cela m'interesse beaucoup.Je voudrais ici dire que je suis une "colonialiste"comme nous avons ete injustement appeles, nous les pieds-noirs, nes et vivant en Algerie FRANCAISE.Le gouvernement a voulu coloniser cette large et belle region au benefice de la France mais les arabes n'etaient pas esclaves, comme a Haiti...
RépondreSupprimerNous aurions pu continuer a vivre cote a cote les pieds noirs et les arabes, sans esclavage.
Pendant 4 ans j'ai fait l'ecole aux petits arabes a qui j'apprenais a ecrire et parler le francais.Cela est-il du colonialisme ?
Donnez moi votre avis.
je suis impatiente de lire la suite.
a bientot
catherine
@Bonjour OiseauBird, ta question est excellente et elle nous montre encore une fois que toute histoire à au moins deux points de vue, sinon plus.
RépondreSupprimerComme je disais ici les français ont colonisés et occuppés la terre des amérindiens et ensuite nous avons été conquis par les Anglais, c'était la règles du plus fort et il fallait s'y soumettre.
Je ne connais pas beaucoup l'histoire de l'Algérie vécu par les colons et descendants de colons français. J'imagine très bien en effet que beaucoup de gens pouvaient vivre en harmonie côte-à-côte et qu'il pouvait en résulter du positif.
Mais à la base malheureusement la présence française en Algérie c'est produite suite à une guerre de conquête que l'Algérie a perdu et qui lui a coûté des milliers de morts. C'est pas l'Algérie qui avait invité les français. C'est pas une immigration légale et souhaitable, c'est la loi du plus fort.
Mais mon but n'est pas de juger mais de comprendre. Je sais que les peids-noirs ont aussi soufferts :(
Vous habitez ou maintenant ?
Merci Eleonor,
RépondreSupprimerJe vis au USA, en Floride ou j'ai l'occasion de rencontrer beaucoup de Haitiens avec qui je sympatise.
Le fait d'avoir la meme culture francaise nous raproche. Ils ont etudie le francais dans la langue de Moliere et connaissent les morales des fables de LaFontaine, cela m'amuse..
Avec mon mari nous avons quitte definitevement la France au moment de notre retraite de l'Enseignement.
Je vais lire la suite sur Haiti
Bonne journee
Oiseau Bird tu as vraiment un parcours de vie exceptionnelle, je vais poursuivre la conversation sur ton blog que je vais de ce pas explorer !
RépondreSupprimerMerci pour ce bel enseignement Éléonore !
RépondreSupprimerCe que je retiens : "devoir" d'aider les pays sous-développés qu'ils ont allégué les pays riches...me semble oui ! Ils en ont profiter pour les exploiter, c'est plutôt un DROIT qu'ils se sont appropriés ! Merci de souligner tous ces faits ! Haïti n'est pas sorti de l'auberge ! j'espère du fond du coeur que s'ils reconstruisent, avec tout l'argent qu'ils ont reçu, notamment, et toutes les bonnes intentions du monde entier, ils pourront un jour vivre la paix, surtout à l'intérieur de leur pays.
Plus ça change plus c'est pareil ! Maudits hommes, maudite "civilisation" !