jeudi 13 septembre 2012

Jour 3

Jour 3

Lundi, 30 avril

Il y a un rite de passage pour la plupart des pèlerins, catholiques ou non, c’est la messe à 7 heures du matin à la cathédrale le jour du départ. Ce matin là, je suis rapidement prête. Ce n’est pas le maquillage ou la coiffure qui est bien long héhé une queue de cheval, une débarbouillette dans le visage, un brossage de dent, c’est tout ou presque. Mon sac à dos est prêt de la vieille. Le plus long étant de remplir ma poche à eau car je dois la sortir et la rentrer en ayant vidé tout le sac. C’est un des défauts de mon Osprey 35 litres. Sa courbure qui le rend si confortable complique le positionnement de la poche à eau.

Dès que je suis prête je descend déjeuner pour voir une dernière fois nos amis hospitaliers (Clélia, Marie-Pierrette, Jeannine et Roland) et leur demander d’écrire un petit mot dans mon journal. Comme l’accueil est en « donativo » c’est à dire en participation libre et anonyme, je glisse mes sous discrètement dans le boîte.

L’heure avance et j’attends Danielle à la porte du gîte avec mon sac à dos. Nous arrivons en retard pour la cérémonie à la cathédrale. Une religieuse d’origine asiatique, en costume traditionnel des religieuses, voile, etc) avec une voix d’ange chante pendant la cérémonie. À la fin on nous invite à s’approcher pour récupérer une requête de prière (si on le veut bien) et recevoir la bénédiction. Je trouve ce rituel émouvant. L’idée de prier pour quelqu’un d’anonyme qui a écrit son besoin, sa douleur, sa tristesse ou son espérance comme on lance une bouteille à la mer me touche beaucoup et si je prend une requête ça me rend solidaire de cette personne. J’ai gardé précieusement ma requête et j’ai souvent pensé à cette personne.

Avant de quitter la cathédrale, je fais la file pour faire tamponner ma crédancial. Ne jamais oublier la crédancial ! lol  la crédential c’est le carnet de gommettes du pèlerin. Un tampon (à l’encre) différent pour chaque gîte et parfois même les restos et églises.


Nous sortons ensuite par la porte des tables sur le devant de l’église tout en haut des marches. Sylvie de Montréal nous quitte car elle prend le GR 65 officiel alors que nous nous désirons faire la variante par Bains, tel que suggéré par Jean-Marc Lucien. Sur le parvis un monsieur regarde une carte que je reconnais immédiatement, c’est la carte que j’ai aussi téléchargée sur webcompostola. Je l’aborde et lui demande s’il fait la variante. Marché conclut nous partons avec Bernadette et Jean Fayard qui marchent pour quelques jours. Ce sont des gens de la région et leurs enfants viennent justement les rejoindre à Bains pour marcher avec eux. Ce sont des personnes simples, sympathiques et d’une belle ouverture. C’est grâce à eux si nous trouvons notre chemin tout au long du jour car les indications sont un peu sommaires.


Première étape, l’église Saint-Joseph d’Espaly. Nous y rencontrons un de leurs amis qui travaille à cet endroit et grâce à cela nous visitons l’église et la grotte.


St-Joseph d'Espaly, la statue monumentale qui surplombe l'église

St-Joseph d'Espaly

Des allures médiévales

La variante par Bains se nomme en fait le Sentier St-François. Il est le tracé primitif, d’avant la création du tracé moderne (GR65). C’est très beau, bucolique, on monte à travers les champs, croisant vaches, chevaux, ruines lointaines, etc, mais… il ne faut pas le prendre quand il a plu beaucoup ! Or il a plu toute la nuit, et la nuit d’avant… et il pleuvra encore ce jour là. La raison est qu’il y a un petit ruisseau à traverser à gué car il n’y a pas de pont. Le ruisseau est maintenant un torrent de 2 mètres de large et plus et qui fait par endroit plus de 40 centimètres de profond !

Notre petit groupe (et moi derrière la caméra)

Le chemin paisible bordé de murets de pierre

Mes nouvelles amies

Les ruines au loin


Bon, il faut bien passer ! Je retire mes chaussures et mes bas, roule mes pantalons et je m’y engage la première. Mes chaussures en équilibre dans mes mains, je tente de planter mes bâtons pour tester la profondeur. C’est quand même froid et glissant. Je me fais un peu mal sur une roche et j’échappe une chaussure que je rattrape de justesse. Pendant que je traverse, j’entend Danielle qui me crie de me retourner pour prendre une photo alors que l’eau froide me frôle les cuisses...  madame Fayard passe, Gérald suit et échappe une bottine qui descend le courant. Heureusement la bottine ne se renverse pas et l’eau ne pénètre pas dedans. N’empêche que Gérald doit « courir » derrière pour l’attraper. De l’autre côté, je crie aux autres d’attacher leurs bottines ensemble et de les suspendre dans leur cou avec les bas dedans et de bien prendre appuis sur leurs bâtons car c’est glissant.

Voici le fameux passage du "ruisseau"(cette photo n'est pas de moi)


On passe tous sans autre problème, on se sèche un peu et on poursuit. On arrive ensuite à Bains sur une jolie place publique en pavé. Côté météo ça se gâte rapidement, la température chute, il commence à pleuvoir. On se cache un peu dans l’église de Bains pour manger notre repas léger, mais une église en pierre c’est humide et froid. Finalement vaut mieux repartir rapidement.

Arrivée à Bains

Vue du village et des pierres rouges (volcaniques surement qui le compose)


Par la suite le groupe s’étire et se défait. Chacun trouve son rythme et il est très difficile d’attendre quelqu’un. La grêle se met de la partie. Plus le sentier avance plus il est boueux. Dans le dernier tronçon nous traversons une forêt de grands arbres. Il fait gris et sombre. Je n'ai pris aucune photo. Le sentier s’élargit parfois sur près de deux mètres de boue. À la toute fin, il y a une longue descente qui me paraît bien abrupte et glissante. Les bâtons nous servent à ne pas déraper dans les roches. Dur-dur pour une initiation !

Une pèlerine au loin luttant contre le vent

Notre ami Gérald dans son puncho de pluie


Faÿ un village qui m'a fait une forte impression avec ces bâtiments massifs aux arrêtes rouges, il semblait perdu dans l'epasce.  Le GR 65 ne passait pas dedant mais devant.  J'aurais dû stisfaire ma curiosité et aller jeter un coup d'oeil.  Il y a deux gites qui y sont situéa, peut-être un jour que j'y ferai un arrêt ♥


L'état du sentier ouf !!! (cette photo n'est pas de moi)

Au sortir de la forêt, juste au pied de la descente, le village de St-Privat l’Allier apparaît soudainement et la première maison est le gîte de Jean-Marc Lucien et Marie Cousineau : Le Chemin du Bonheur. Wow ! la joie parce que je ne savais même pas où il se situait dans le village ! Reste à savoir s’il reste des places… C’est avec beaucoup de soulagement que Marie me dit qu’il reste 3 places : un lit double et un lit simple. Gérald prendra le lit simple et Danielle et moi le double.

Le problème c’est que Danielle est quelque par derrière. Gérald et moi décidons de prendre quelques minutes pour nous installer, découvrir les lieux et nous reposer, ensuite on verra.

Le Chemin de Bonheur est un bâtiment de 3 étages, collé sur la montagne. Au premier étage, ce sont les appartements privées de la famille qui compte encore un jeune adolescent et un superbe grand danois. C’est aussi là dans une sympathique salle à manger que sera pris le déjeuner et le souper.

Le deuxième étage est une grande pièce à aire ouverte, séparée par des rideaux. Il y a une section « entrée » avec des bancs, des tablettes, des crochets etc, une section pour s’isoler et prier, une grande section dortoir, avec des lits simples, doubles ou superposés, de belles grandes fenêtres avec des rebords et un beau gros poële à bois qui ronronnait bien fort lors de notre passage ♥, une section cuisinette avec évier, vaisselles, bouilloire, etc et un peu à l’écart, il y a deux douches modernes et deux toilettes avec lavabos.


Le gîte le chemin du bonheur

Une girouette de pèlerins ♥

Le tout baigne dans une atmosphère réconfortante de chalet et de vacances familiales. J’ai beaucoup aimé ce gîte familial en donativo. Depuis des mois je lisais les articles de monsieur Lucien et je le trouvais très intéressant. Ces gens là reçoivent chez-eux par amour de leurs prochains, chaque jour ils ouvrent les portes de leur intimité, chaque jour ils racontent leur histoire car chaque jour de nouveaux pèlerins séduits veulent la connaître, chaque jour il prépare deux repas pour des inconnus, etc. Ce sont des gens très engagés dans leur foi catholique. Bien que je ne sois pas catholique mais croyante, j’ai un grand respect pour ceux qui se donnent autant et qui irradie l’amour fraternel. Jean-Marc à mis de côté une carrière professionnelle intéressante, à ce que j’ai pu comprendre, après avoir fait son propre pèlerinage et avoir rencontré Marie. C’est ensemble qu’ils ont eu le projet de ce gîte familial. C’est beaucoup de travail, 6 jours sur 7 ! Il ne garde qu’une journée depuis cette année pour avoir du temps avec leur fils et la vie de famille. J’ai su par le net que Lucien avait entrepris de finir aussi le 3ième étage pour accueillir d’autres pèlerins. Cependant, j’ai aussi appris qu’il avait eu beaucoup de problèmes avec les commerçants qui opèrent des gîtes commerciaux au village et qui considéraient que Jean-Marc leur fait une concurrence déloyale et doit donc payer les taxes et permis commerciaux comme eux. Quelle drôle d’idée. Avec un accueil familial en donativo c’est vivre sur le fil chaque jour, c’est n’avoir aucune garantie de couvrir tes frais parce que les gens donnent secrètement ce qu’ils veulent selon leur budget et selon leur conscience…

Bon revenons au récit du jour, après s’être réchauffée et avoir grignoté un morceau, je prend mon courage a deux mains et je me dis qu’il va falloir retourner sur le sentier pour retrouver Danielle. Je suis inquiète pour elle. Il fait très sombre dehors et je ne sais pas si elle connaît le nom du gîte. Au moment ou je renfilais mon poncho de pluie encore froid et humide, la porte s’ouvre sur madame Fayard qui nous ramène une Danielle couverte de boue des pieds à la tête à cause d’une chute. Marie arrive au même moment et prend en charge Danielle qui ne peut même pas aller plus loin que le pas de la porte tellement elle est sale.

Rassurée sur le sort de Danielle, je décide d’aller faire quelques pas dans ce fabuleux village suspendu au dessus de la vallée de l’Allier (la rivière). L’église ressemble à un lieu fortifié médiévale et la place publique paraît s’avancer dans le vide. Très impressionnant ! Chaque soir avant le repas, Jean-Marc anime une petite cérémonie intime dans la vieille église avec des chants et des réflexions.
Vue sur l'église et les maisons de pierre




Pour souper ce soir là, nous avons une excellente salade de légumineuse, un spaghetti et un dessert. Le tout avec un petit verre de rouge. C’est excellent, l’atmosphère est bonne et nous avons même droit à la compagnie du grand danois qui aime la visite (heureusement pour lui).

Ainsi se termine ma première vraie et dure journée de pèlerine. Selon ce qu’on me dit la distance entre Puy-en-Velay et St-Privat-l’Allier par le chemin primitif (variante par Bains) serait de 20 km.

                                      Vue sur une route en lacet qui plonge dans la vallée





                                       La vallée de la rivière Allier perdue dans la brume




1 commentaire:

  1. que de souvenirs.....comme tu as vu sur mon blog, c est ici aussi que j ai dormi...l accueil y est tres chaleureux....ils nous avaient aussi expliqué leur histoire, leur rencontre sur Compostelle.Ce soir là j ai fais la connaissance de Mathieu qui me marquera tout au long de mon pelerinage, et de Titiana, petite pelerine belge, qui est devenue mon amie....

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