mercredi 19 septembre 2012

JOUR 4

1er mai, mardi


Deuxième matin de marche qui commence avec un bon déjeuner en compagnie de la famille Lucien.

M. Lucien du gite Le Chemin du Bonheur

Marie Cousineau son épouse
La vallée de l'Allier dans la brume matinale



La bonne nouvelle est qu’il ne pleut plus, la mauvaise c’est que les sentiers sont couverts de boue et abîmés (surtout ceux en pente).

Nous traversons des paysages ravissants qui changent en permanence : routes de campagne, sentiers de cailloux, murets de pierre couverts de mousse, forêts de pin, maisons ancestrales, ruines, fermes pittoresques surgissant après une courbe, chiens de ferme trop amicaux, chats a demi sauvages, poules picorant librement à droite et à gauche, vaches, etc. Je garde un excellent souvenir de cette journée pleine d’émerveillement et de découvertes.



Au départ, nous croisons sur un pic rocheux les ruines de Rochegude, c’est un bon début.

« Lieu-dit de Rochegude – altitude 967 m.

Le château avec donjon est attesté en 1255, il fut la propriété de la famille des "Montlaur", puis au XVe siècle des "Chalençon" pour finir à la famille des Matussières. Actuellement propriété de la commune de Saint-Privat d'Allier.

C'est une ancienne place forte à la frontière du Velay et du Gévaudan. Tour à tour possédée par les plus puissantes familles des environs. La tour de Rochegude est bâtie à la cime d'un rocher qui s'élève comme une aiguille au-dessus des gorges de l'Allier . On comprendra donc facilement que Rochegude pourrait tirer son nom de "rupes acuta" ou "roca aguda" (roche aigüe) ou de "acus mon" (aigu montagne). La tour jouait le rôle de sentinelle avancée du Velay, pour observer l'ennemi éventuel venant du Gévaudan. De l'ancienne forteresse, il ne subsiste qu'une tour et une chapelle dédiée à Saint-Jacques . Sur le linteau de la porte d'entrée, on peut lire 1328. »



La petite chapelle

Ce qui reste de la tour (et je vous afffirme que c'est haut !)

La chapelle en gros plan

Ce qui reste de la tour

Une partie des explications (c'est bien d'avoir ce genre de panneau historique )


Vue sur la vallée

Moi dans la forêt de pins


Plus tard, j’allais passer tout droit quand je vois surgir un ami pèlerin sur ma droite qui me dit :

« Hélène, tu as visité la couille à Néné ? » Hein ? lol Je voyais bien des indications du « bistro » la coquille à Néné avec une barrure irrévérencieuse sur le Q, mais j’avais passé tout droit. Allez hop on tourne de bord et on répare mon erreur. Heureusement !

Néné c’est monsieur René, un handicapé en chaise roulante qui sculpte des coquilles en bois qu’on enfile sur un cordon comme collier ou décoration. C’est un souvenir authentique et de bon goût. Si mes souvenirs sont bons, il y a un pèlerin en bois qui décore sa cour.

Néné il tient un bistro dans sa cour et vent des boissons froides dans son garage. C’est un type sympathique et rigolo. On a bien du plaisir à jaser avec lui de René Angelil le mari de Céline Dion.

Toutefois, après une bonne bière il faut bien reprendre la route.

 Nous nous dirigeons vers Monistrol de l’Allier et nous traversons la rivière sur le pont Eiffel.
« En 1887, la société Eiffel obtint le marché de la construction du pont sur l’Allier. A cette époque, le village venait de connaître un essor exceptionnel grâce à la construction de la ligne de chemin de fer. A l’occasion de cette construction, des centaines d’ouvriers sont venus s’installer à Monistrol-d’Allier pour un chantier qui a nécessité de véritables prouesses techniques dans cette région montagneuse hostile. Après le viaduc ferroviaire de Garabit en 1884-1885 et l’ossature de la statue de la Liberté à New York, Gustave Eiffel construisit le pont de Monistrol-d’Allier dans l’année qui précéda l’édification de la tour parisienne qui porte son nom. On reconnaîtra d'ailleurs aisément dans l'architecture du pont la signature de l'artiste Gustave Eiffel. »



La passerelle des piétons
Au fond de la vallée sur les berges de la rivière avec vue sur le pont routier

Le fond de la vallée

Et voilà, on est déjà remonté !!!  C'est les montagnes russe le GR 65 !
Vue sur le pont Eiffel, la centrale électrique et le pont routier plus moderne


Malgré tout ce n’est pas un chemin de tout repos ! La sortie de la ville est suivie d’une bonne grimpette !  C’est là qu’on y croise aussi une curieuse chapelle creusée dans la roche :

« La chapelle de la Madeleine :

Un texte de 1312 évoque un oratoire de la région de Monistrol, dédié à sainte Madeleine. Est-ce la grotte actuelle qui, selon certains, aurait servi d'habitation celtique, et serait la réplique de celle de la Sainte-Baume ?

Au XVIIe siècle, une façade de pierre surmontée d'un fronton vint la clore et la transformer en chapelle ; elle connut, à la fin de ce siècle, une grande célébrité.

Dans les tombeaux taillés dans le roc, à droite et à gauche de la chapelle, on a trouvé des ossements de femme et d'enfant, ainsi que des pièces de monnaie du début du XVIIe siècle. Ces sarcophages datent-ils de cette période ou furent-ils réemployés ?

Placée sur le chemin de pèlerinage, elle était une halte tout indiquée au cours d'une rude escalade. »


Roby devant la chapelle Ste-Madeleine qui est en fait une grotte murée

Ces trous dans la pierre pourraient être des tombes ou des abris pour les pèlerins des temps anciens

Je perds rapidement Danielle de vue et cela me rend mal à l’aise car je ne sais pas comment réagir. Avancer à mon rythme ? Attendre ? Notre amie Sylvie de Drummondville file comme le vent devant nous, moi je poursuis ma route avec Gérald et Danielle est derrière.

Les paysages commencent à se fleurir

De nombreuses statues de pèlerins parsèment le GR 65

Ha les poules ! 
Elles sont une belle vie en France, elles sont libres (dans les fond de cours lolol)

Après un certain temps Saugues nous paraît bien loin et la fin est dure car il y a beaucoup de boue et peu de soleil. Nous atteignons quand même des champs de culture ou de pâturage qui annoncent la descente vers la ville.

Collage de la curieuse sculpture qui nous accueille à Saugues

Saugues avec presque centre la Tour des Anglais de forme carré

La ville est tout en bas d’une longue pente bordée de plusieurs curieuses sculptures et le point de vue est superbe, surtout sur la remarquable tour des Anglais. Malheureusement pour moi il paraît que j’ai manqué la plus belle des sculptures, celle de la bête du Gévaudan embrochée.

Se lier d’amitié avec les pèlerins est très rapide et depuis un moment, je me sens déjà amie avec Pauline une jeune Belge que tout le monde voudrait pour fille, Sophie la belle musicienne de Paris et Roby qui marche pour une cause (la maladie qui a emporté son épouse) et qui épate tout le monde par sa vigueur.

J’arrive finalement à la Margeride, un centre d’hébergement et d’activités. C’est très gros (125 lits), bien propre, neuf et fonctionnel. Ce n’est pas le genre de gîte coup de cœur pour moi parce que trop impersonnel mais c’est efficace. Nous sommes 4 par chambres, avec un évier dans la chambre et un casier par personne. C’est exigu mais nous avons une belle grande fenêtre qui donne sur un beau pâturage. Je réserve une place pour Danielle et moi. Sophie et Gérald occuperont les 2 autres lits. Le coût est de 31 euros en demi-pension (souper-coucher-déjeuner)

Nos vêtements qui sèchent un peu partout lol
Le petit évier se trouve ua fond à droite, caché par les panneaux que j'aurai du fermer :)

Le souper débute vers 19 heures et Danielle n’est pas encore arrivée. Pendant le repas plusieurs pèlerins me questionneront sur son absence avec humour mais avec quand même un fond de réprobation. Le souper est assez moyen et je ne cesse de guetter Danielle par la fenêtre.

Elle finira par arriver en compagnie d’Éric un autre ami pèlerin québécois qui malheureusement souffre d’une tendinite. Il semble qu’ils ont eu une belle journée et beaucoup de plaisir tous les deux, tant mieux  :)

Pendant que Danielle soupe en ville avec Éric, je me déniche un ordi et donne quelques nouvelles à ma famille et mes amis facebook.

Ainsi se termine ma deuxième journée de marche sur le GR 65, la distance St-Privat-Saugues est de 20 kilomètres.











jeudi 13 septembre 2012

Jour 3

Jour 3

Lundi, 30 avril

Il y a un rite de passage pour la plupart des pèlerins, catholiques ou non, c’est la messe à 7 heures du matin à la cathédrale le jour du départ. Ce matin là, je suis rapidement prête. Ce n’est pas le maquillage ou la coiffure qui est bien long héhé une queue de cheval, une débarbouillette dans le visage, un brossage de dent, c’est tout ou presque. Mon sac à dos est prêt de la vieille. Le plus long étant de remplir ma poche à eau car je dois la sortir et la rentrer en ayant vidé tout le sac. C’est un des défauts de mon Osprey 35 litres. Sa courbure qui le rend si confortable complique le positionnement de la poche à eau.

Dès que je suis prête je descend déjeuner pour voir une dernière fois nos amis hospitaliers (Clélia, Marie-Pierrette, Jeannine et Roland) et leur demander d’écrire un petit mot dans mon journal. Comme l’accueil est en « donativo » c’est à dire en participation libre et anonyme, je glisse mes sous discrètement dans le boîte.

L’heure avance et j’attends Danielle à la porte du gîte avec mon sac à dos. Nous arrivons en retard pour la cérémonie à la cathédrale. Une religieuse d’origine asiatique, en costume traditionnel des religieuses, voile, etc) avec une voix d’ange chante pendant la cérémonie. À la fin on nous invite à s’approcher pour récupérer une requête de prière (si on le veut bien) et recevoir la bénédiction. Je trouve ce rituel émouvant. L’idée de prier pour quelqu’un d’anonyme qui a écrit son besoin, sa douleur, sa tristesse ou son espérance comme on lance une bouteille à la mer me touche beaucoup et si je prend une requête ça me rend solidaire de cette personne. J’ai gardé précieusement ma requête et j’ai souvent pensé à cette personne.

Avant de quitter la cathédrale, je fais la file pour faire tamponner ma crédancial. Ne jamais oublier la crédancial ! lol  la crédential c’est le carnet de gommettes du pèlerin. Un tampon (à l’encre) différent pour chaque gîte et parfois même les restos et églises.


Nous sortons ensuite par la porte des tables sur le devant de l’église tout en haut des marches. Sylvie de Montréal nous quitte car elle prend le GR 65 officiel alors que nous nous désirons faire la variante par Bains, tel que suggéré par Jean-Marc Lucien. Sur le parvis un monsieur regarde une carte que je reconnais immédiatement, c’est la carte que j’ai aussi téléchargée sur webcompostola. Je l’aborde et lui demande s’il fait la variante. Marché conclut nous partons avec Bernadette et Jean Fayard qui marchent pour quelques jours. Ce sont des gens de la région et leurs enfants viennent justement les rejoindre à Bains pour marcher avec eux. Ce sont des personnes simples, sympathiques et d’une belle ouverture. C’est grâce à eux si nous trouvons notre chemin tout au long du jour car les indications sont un peu sommaires.


Première étape, l’église Saint-Joseph d’Espaly. Nous y rencontrons un de leurs amis qui travaille à cet endroit et grâce à cela nous visitons l’église et la grotte.


St-Joseph d'Espaly, la statue monumentale qui surplombe l'église

St-Joseph d'Espaly

Des allures médiévales

La variante par Bains se nomme en fait le Sentier St-François. Il est le tracé primitif, d’avant la création du tracé moderne (GR65). C’est très beau, bucolique, on monte à travers les champs, croisant vaches, chevaux, ruines lointaines, etc, mais… il ne faut pas le prendre quand il a plu beaucoup ! Or il a plu toute la nuit, et la nuit d’avant… et il pleuvra encore ce jour là. La raison est qu’il y a un petit ruisseau à traverser à gué car il n’y a pas de pont. Le ruisseau est maintenant un torrent de 2 mètres de large et plus et qui fait par endroit plus de 40 centimètres de profond !

Notre petit groupe (et moi derrière la caméra)

Le chemin paisible bordé de murets de pierre

Mes nouvelles amies

Les ruines au loin


Bon, il faut bien passer ! Je retire mes chaussures et mes bas, roule mes pantalons et je m’y engage la première. Mes chaussures en équilibre dans mes mains, je tente de planter mes bâtons pour tester la profondeur. C’est quand même froid et glissant. Je me fais un peu mal sur une roche et j’échappe une chaussure que je rattrape de justesse. Pendant que je traverse, j’entend Danielle qui me crie de me retourner pour prendre une photo alors que l’eau froide me frôle les cuisses...  madame Fayard passe, Gérald suit et échappe une bottine qui descend le courant. Heureusement la bottine ne se renverse pas et l’eau ne pénètre pas dedans. N’empêche que Gérald doit « courir » derrière pour l’attraper. De l’autre côté, je crie aux autres d’attacher leurs bottines ensemble et de les suspendre dans leur cou avec les bas dedans et de bien prendre appuis sur leurs bâtons car c’est glissant.

Voici le fameux passage du "ruisseau"(cette photo n'est pas de moi)


On passe tous sans autre problème, on se sèche un peu et on poursuit. On arrive ensuite à Bains sur une jolie place publique en pavé. Côté météo ça se gâte rapidement, la température chute, il commence à pleuvoir. On se cache un peu dans l’église de Bains pour manger notre repas léger, mais une église en pierre c’est humide et froid. Finalement vaut mieux repartir rapidement.

Arrivée à Bains

Vue du village et des pierres rouges (volcaniques surement qui le compose)


Par la suite le groupe s’étire et se défait. Chacun trouve son rythme et il est très difficile d’attendre quelqu’un. La grêle se met de la partie. Plus le sentier avance plus il est boueux. Dans le dernier tronçon nous traversons une forêt de grands arbres. Il fait gris et sombre. Je n'ai pris aucune photo. Le sentier s’élargit parfois sur près de deux mètres de boue. À la toute fin, il y a une longue descente qui me paraît bien abrupte et glissante. Les bâtons nous servent à ne pas déraper dans les roches. Dur-dur pour une initiation !

Une pèlerine au loin luttant contre le vent

Notre ami Gérald dans son puncho de pluie


Faÿ un village qui m'a fait une forte impression avec ces bâtiments massifs aux arrêtes rouges, il semblait perdu dans l'epasce.  Le GR 65 ne passait pas dedant mais devant.  J'aurais dû stisfaire ma curiosité et aller jeter un coup d'oeil.  Il y a deux gites qui y sont situéa, peut-être un jour que j'y ferai un arrêt ♥


L'état du sentier ouf !!! (cette photo n'est pas de moi)

Au sortir de la forêt, juste au pied de la descente, le village de St-Privat l’Allier apparaît soudainement et la première maison est le gîte de Jean-Marc Lucien et Marie Cousineau : Le Chemin du Bonheur. Wow ! la joie parce que je ne savais même pas où il se situait dans le village ! Reste à savoir s’il reste des places… C’est avec beaucoup de soulagement que Marie me dit qu’il reste 3 places : un lit double et un lit simple. Gérald prendra le lit simple et Danielle et moi le double.

Le problème c’est que Danielle est quelque par derrière. Gérald et moi décidons de prendre quelques minutes pour nous installer, découvrir les lieux et nous reposer, ensuite on verra.

Le Chemin de Bonheur est un bâtiment de 3 étages, collé sur la montagne. Au premier étage, ce sont les appartements privées de la famille qui compte encore un jeune adolescent et un superbe grand danois. C’est aussi là dans une sympathique salle à manger que sera pris le déjeuner et le souper.

Le deuxième étage est une grande pièce à aire ouverte, séparée par des rideaux. Il y a une section « entrée » avec des bancs, des tablettes, des crochets etc, une section pour s’isoler et prier, une grande section dortoir, avec des lits simples, doubles ou superposés, de belles grandes fenêtres avec des rebords et un beau gros poële à bois qui ronronnait bien fort lors de notre passage ♥, une section cuisinette avec évier, vaisselles, bouilloire, etc et un peu à l’écart, il y a deux douches modernes et deux toilettes avec lavabos.


Le gîte le chemin du bonheur

Une girouette de pèlerins ♥

Le tout baigne dans une atmosphère réconfortante de chalet et de vacances familiales. J’ai beaucoup aimé ce gîte familial en donativo. Depuis des mois je lisais les articles de monsieur Lucien et je le trouvais très intéressant. Ces gens là reçoivent chez-eux par amour de leurs prochains, chaque jour ils ouvrent les portes de leur intimité, chaque jour ils racontent leur histoire car chaque jour de nouveaux pèlerins séduits veulent la connaître, chaque jour il prépare deux repas pour des inconnus, etc. Ce sont des gens très engagés dans leur foi catholique. Bien que je ne sois pas catholique mais croyante, j’ai un grand respect pour ceux qui se donnent autant et qui irradie l’amour fraternel. Jean-Marc à mis de côté une carrière professionnelle intéressante, à ce que j’ai pu comprendre, après avoir fait son propre pèlerinage et avoir rencontré Marie. C’est ensemble qu’ils ont eu le projet de ce gîte familial. C’est beaucoup de travail, 6 jours sur 7 ! Il ne garde qu’une journée depuis cette année pour avoir du temps avec leur fils et la vie de famille. J’ai su par le net que Lucien avait entrepris de finir aussi le 3ième étage pour accueillir d’autres pèlerins. Cependant, j’ai aussi appris qu’il avait eu beaucoup de problèmes avec les commerçants qui opèrent des gîtes commerciaux au village et qui considéraient que Jean-Marc leur fait une concurrence déloyale et doit donc payer les taxes et permis commerciaux comme eux. Quelle drôle d’idée. Avec un accueil familial en donativo c’est vivre sur le fil chaque jour, c’est n’avoir aucune garantie de couvrir tes frais parce que les gens donnent secrètement ce qu’ils veulent selon leur budget et selon leur conscience…

Bon revenons au récit du jour, après s’être réchauffée et avoir grignoté un morceau, je prend mon courage a deux mains et je me dis qu’il va falloir retourner sur le sentier pour retrouver Danielle. Je suis inquiète pour elle. Il fait très sombre dehors et je ne sais pas si elle connaît le nom du gîte. Au moment ou je renfilais mon poncho de pluie encore froid et humide, la porte s’ouvre sur madame Fayard qui nous ramène une Danielle couverte de boue des pieds à la tête à cause d’une chute. Marie arrive au même moment et prend en charge Danielle qui ne peut même pas aller plus loin que le pas de la porte tellement elle est sale.

Rassurée sur le sort de Danielle, je décide d’aller faire quelques pas dans ce fabuleux village suspendu au dessus de la vallée de l’Allier (la rivière). L’église ressemble à un lieu fortifié médiévale et la place publique paraît s’avancer dans le vide. Très impressionnant ! Chaque soir avant le repas, Jean-Marc anime une petite cérémonie intime dans la vieille église avec des chants et des réflexions.
Vue sur l'église et les maisons de pierre




Pour souper ce soir là, nous avons une excellente salade de légumineuse, un spaghetti et un dessert. Le tout avec un petit verre de rouge. C’est excellent, l’atmosphère est bonne et nous avons même droit à la compagnie du grand danois qui aime la visite (heureusement pour lui).

Ainsi se termine ma première vraie et dure journée de pèlerine. Selon ce qu’on me dit la distance entre Puy-en-Velay et St-Privat-l’Allier par le chemin primitif (variante par Bains) serait de 20 km.

                                      Vue sur une route en lacet qui plonge dans la vallée





                                       La vallée de la rivière Allier perdue dans la brume




samedi 8 septembre 2012

Jour 2



29 avril dimanche


Une belle journée s’annonce pour nous et l’humeur est très joyeuse. Nous avons eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec les 4 hospitaliers (3 dames et un homme), qui sont des retraités membres d’une association de St-Jacques et qui viennent de la Haute-Savoie. Ils donnent deux semaines de leur temps. Les hospitaliers ont un appartement tout en haut du bâtiment. Je leur suis très reconnaissante de leur accueil j’avais vraiment besoin d’être réconfortée et d’avoir une deuxième nuit de repos.

Ça me fait penser que ça vaut la peine de d’écrire le gîte. En fait, c’est un très grand bâtiment ancien qui est partagé entre l’accueil St-Jacques et une école de musique. On y entre par une cour privé et si mes souvenirs sont bons, on y entre pour le gîte par une porte de côté et pour la musique par la porte principale à double battants. La salle d’accueil, qui est aussi la salle à manger avec le minuscule coin cuisinette est immédiatement à gauche. Devant nous un grand escalier monte et descend.

En France plusieurs lieux publics sont équipés de minuteries électriques et les lumières sont souvent éteintes si bien que vous pouvez souvent vous engagez dans des escaliers ou corridors sombres que vous connaissez peu. Il faut aussi se souvenir que l’on fera un arrêt différent tous les soirs ! À l’accueil St-Jacques la première fois que j’ai quitté ma chambre pour la salle à manger je suis descendue trop bas et là je me demandais bien où j’étais ! Surtout qu’en ouvrant une porte je suis tombée sur des pupitres d’enfant. C’est ensuite que j’ai appris que c’était une école de musique. Si cela n’avait pas été impoli je pense que j’aurai bien ouvert quelques portes par curiosité pour voir si je pouvais aller plus loin. Avoir des espaces communs et communicant est un principe qui nous est assez étranger à nous les Québécois qui pour la plupart habitons des bâtiments récents et bien séparées. Là bas, dans ces vieilles demeures les caves sont parfois communicantes et quelqu’un nous racontera qu’un de ces voisins ayant voulu abaisser son sous-sol aura causé l’affaissement de quelques centimètres de plusieurs bâtiments autour. Outch !

Pour se rendre aux dortoirs et aux salle de bain, il faut monter. La consigne est de laisser nos sacs à dos sur le grand palier et de prendre un grand panier pour y mettre ce dont nous aurons de besoin. Il y a plusieurs douches, toilettes et éviers communs et mixes. L’atmosphère est très familiale mais il faut quand même une certaine souplesse d’esprit. Les dortoirs forment un mini labyrinthe de pièces séparées par des portes ou des rideaux. Les lieux sont simples et dépouillés, mais les lits sont confortables et propres. Bien que je n’ai jamais pu m’habituer au traversin (oreiller rond) j’ai bien dormi quand même.

À cause des lois, dans la plupart des gîtes, les sorties seront indiquées avec une lumière rouge… et naturellement la lumière restera allumée toute la nuit (c’est le but). Disons que c’est un peu contrariant pour dormir, mais parfois utile.

Au premier matin je descends joyeusement déjeuner en bas dès que je suis prête. Le repas du matin est servi au gîte. Le déjeuner est simple (café, pain, confiture, jus) mais l’atmosphère est amicale. Nous sommes plusieurs Québécois tous venus à Lyon dans le même avion : Danielle, moi, Gérald, Sylvie de Montréal, Sylvie de Drummondville et deux autres dames qui prennent la route le matin même.


Munis d’un plan de la vieille ville nous décidons avec Gérald de partir à la découverte du Puy et des Ponots et Ponotes (ces habitants, du latin podium la forme de la ville sur le pic volcanique) D’abord la statue Notre-Dame de France sur le Rocher Corneille, qui est en restauration mais dont le point de vue vaut amplement le détour, puis la cathédrale (non on ne se perd pas lol), son beau cloître et le musée. Le jeune guide est vraiment très intéressant. Bon on s’entend que l’histoire c’est ma branche lol L’exposition de broderies religieuses est somptueuse. Bien contente de ma visite. J’ai pris plusieurs photos.

Le Rocher Corneille avec la statue de Notre-Dame de France en restauration


Cloître de La Cathédrale Notre-Dame du Puy.




Vue de la cathédrale par la montée du Rocher Corneille

La Chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe



                                     
Les toits de tuiles

Ensuite on dîne en ville en récupérant Éric (qui avait couché à l’auberge de jeunesse) et les Sylvie au détour d’une rue. Il faut absolument goûter aux lentilles du Puy et la glace ou liqueur à la Verveine, les spécialités du coin. C’est excellent.

Dans l’après-midi on repart en direction de la chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe perché tout en haut de son piton volcanique. c’est vertigineux ! Une grimpette de 265 marches mais c’est une visite mémorable, surtout avec le vent qu’il y a avait cette journée là ! Tout au long de la visite de la petite chapelle je me demanderai plusieurs fois comment ils ont fait pour la construire ? y a t-il eu des morts ? comment montait-on les matériaux ? La première construction remonterait à 969 !

La Chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe


 

La Chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe


 

La Chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe


 

                                                    La Chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe, un très beau saint George terrassant un dragon.


Au loin, le Sanctuaire Saint-Joseph d'Espaly


Dans la vieille ville on croise aussi deux boutique de broderie au fuseau une spécialité de la ville. On peut même admirer le travail d’une jeune fille. Ces doigts bougent à une vitesse folle. Elle doit suivre un petit patron qui repose sur un coussin sur ces genoux. Ça demande une grande dextérité !

Définitivement Puy-en-Velay est une jolie ville qui vaut le coup d’être visitée.

La cathédrale vue de la rue des Tables

La ville vue de la fenêtre de ma chambre.

Avant le repas du soir on fait un détour par l’épicerie : vin, salami et fromage. Je mange au gîte et le rire est de la partie avec les autres voyageurs. On retourne faire un petit tour au Pot du pèlerin et cette fois on nous fait visiter la cave aménagée en chapelle et on nous raconte un peu l’histoire des lieux. Ensuite on file se coucher, la nuit sera plus agitée et il y aura beaucoup de ronflement, c’est ça la vie du camino.