lundi 16 mai 2011

Le tour de l'Isle-aux-Coudres

D’abord, vous devez savoir que pour moi le tour de l’île aux Coudres avait une dimension très symbolique, initiatique je dirais même. C’était pour moi un pas de plus dans la matérialisation de mon pèlerinage à Compostelle.


Quelques jours avant de partir j’avais réservé mon auberge à St-Joseph-de-la-Rive. Connaissant un peu le patelin, je savais que l’autobus ne passait pas par ce village, je me suis donc informée à mon aubergiste de la manière de me rendre chez-lui. Ce fut ma première agréable surprise : il pouvait lui-même venir me prendre au terminus de Baie-St-Paul moyennant un coût très raisonnable. Pour 8$ le monsieur c’est tapé 15-20 minutes (au moins pour un allée et la même chose pour le retour). Déjà il avait toute ma gratitude !


Je suis donc partie de Baie-Comeau à 7 heures du mat. Quand je vous dit que je voulais me mettre dans l’esprit du pèlerinage, c’était le début, parce que franchement je suis tout le contraire d'une lève-tôt ! Je suis arrivée à Baie-St-Paul à 12h 35. Sur le chemin l'aubergiste me dit que suite aux annulations (dues à la météo peu clémente) je peux avoir une chambre dans l’auberge et non dans le motel comme prévu. Alléluia ! Moi qui avait un peu peur du motel je suis vraiment heureuse de ce changement.  L'auberge, centenaire, est merveilleusement bien située.  Elle est bien rénovée et coquette sans excès.


Vers 13 h 30 je trotte dans le village, beaucoup d’attractions touristiques sont encore fermées, mais il me reste le fleuve, les vieilles barques oubliées sur la berge, les herbes hautes, les outardes, le chemins de fer, etc.


Je rentre pour souper. Dans le salon de l’auberge je rencontre une dame qui marchait quelques minutes plus tôt près du quai, on jase un peu ensemble et je lui demande si elle veut souper avec moi. Ce sera ma première rencontre, magnifique rencontre. Une dame passionnante de 65 ans a des milles et des milles de ma propre vie, mais si incroyablement proche que c’est à peine imaginable. Pendant 3 heures, alors que la salle se remplie peu à peu de joyeux pèlerins, autour d’un repas délicieux de produits du terroir, nous allons parlé de nos vies, une discussion intime, passionnante, troublante, qui vous fait croire qu’il n’y a pas de hasard dans la vie.


À 21 heures on se quitte et à 21h 30 je suis sagement au dodo. Et je m’endors calmement en toute confiance et, pour moi, dormir seule dans un lieu nouveau c’est un grand défi.

Samedi matin à 6h 45 je suis debout, trop nerveuse pour continuer mon dodo. La température n'est pas assez clémente pour amener ma caméra Nikon. Tant pis, c’est pas la fin du monde.

En enfilant mes vieilles godasses de marche je découvre, effarée, qu’elles sont déchirées sur deux pouces de long sur le côté. Le suède a lâché, mort de sa belle mort. Je ne sais pas comment je n’ai pu voir cela avant ! Si il mouille à « sciaut » je suis vraiment dans la merde, parce que l’eau va rentrer immédiatement sur mon bas. Mais je n’y peux rien et je suis la première étonnée à me dire : « qué séra séra ! » c’est hors de mon contrôle.


Les déjeuners sont servis à partir de 7 h 00, déjà vers 7 h 30 la salle à dîner est pleine. Je vois une jeune femme assise seule, je lui demande si je peux m’asseoir avec elle. On jase en mangeant et encore une fois on se découvre des affinités. On fera un bon bout de marche ensemble, se retrouvant se perdant tout le long du jour.


À 8 H 30 je suis sur le traversier en direction de l’île. Malgré la bruine on sent l’excitation dans l’air. Nous sommes environs 371 marcheurs, c’est sous la moyenne. L’an passé ils étaient 800 sous un soleil éblouissant. Moi j’ai pour mon dire que, beau pas beau, sur le camino, on se lève et on marche ! Pas un instant je n’ai regretté ma décision.  En fait, il ne pleuvra pas véritablement, il y aura du vent et une bonne bruine qui colle à la peau et perle dans les lunettes, mais la plupart des marcheurs ont des impers.  Moi j'ai un poncho de pluie à 1 $ qui fera parfaitement l'affaire ! lol


Les gens ayant déjà fait 1-2-3 ou même 4 fois une des parties du chemin de Compostelle ont un petit ruban rose et on peut leur parler librement. Ils sont tous très ouverts.  Je ne me gêne pas je pose des tas de questions.


Le tour de l’île s’engage sur un bonne côte, comme à St-Jean-Pierre-de-Port. On s’élance et la longue filée des marcheurs se met en branle. On fera ainsi les 13 premiers km. On cherche les toilettes, on regarde un peu les paysage, on jase et on marche !


L’heure du dîner est bienvenue. Une boisson chaude, une boite à lunch livrée par l’hôtel ou la boulangerie ça fait du bien. Je retire mes chaussures, j’ai un peu mal au talon, ça chauffe mais rien de plus. Je repars ensuite d’un bon pas. Je sais alors que je vais finir la distance sans problème car il me reste une bonne réserve d’énergie.


Pour la deuxième partie du trajet, 10 km, je marche un moment seul. Ça me convient, puis sans effort, j’accroche un fil de conversation et j’engage la discussion avec une dame de la Charlevoix, véritable globe-trotteur.


Tout à coup, je réalise que c’est presque fini, déjà… On reprend le traversier, on remonte la côte vers l’auberge ou on grimpe dans sa voiture. Au total j'ai fait 25 km sans trop de peine.  Les gens s’égrènent chacun de leur bord. Les reverrais-je ? Je comprends alors les liens qui peuvent se tisser sur la route de Santiago. Je m’inquiète un peu, serais-je la seule qui dormira une deuxième nuit à l’auberge ?


Au retour vers 16 h, je piquerai bien un petit somme, je prend plutôt une douche bien chaude, j’examine mes pieds, de ce côté tout va bien.


18 heures arrivent, je descends pour le souper.  Un couple s'informe si il y a encore des marcheurs, je suis là moi.  On engage une joyeuse conversation et on décide de souper ensemble.  Après souper on se donne rendez-vous pour un petit rallye GPS, la dame étant une adepte du géo-cache.


Vers 10 heures on se quitte, le monsieur prend une petite photo, j'espère bien la recevoir bientôt.
Ensuite, je repars faire une longue marche en attendant ma famille qui viendra me prendre vers 13 heures.


Ce fut une fin de semaine extraordinaire.  Ce qui m'a le plus touché est l'impression de faire partie d'une communauté.  Lorsque je suis avec les coureurs, les marathoniens ou autres.  Je suis une étrangère, je n'ai pas les mêmes préoccupations, aspirations, objectifs qu'eux.  Je ne suis pas vêtue ou chaussée comme eux.  En fin de semaine j'étais comme un enfant accueilli dans une grande famille chaleureuse.


Et les gens que j'ai rencontré resteront dans mes coups de coeur ♥ 
Merci Kathleen, Véronique, Jean-Charles, Nathalie, Hélène et les autres xxx

Outardes

La pointe de St-Joseph-de-la-Rive

Chenail de l'île aux Coudres