jeudi 18 octobre 2012

Jour 6 sur le GR 65

3 mai jeudi

Du Domaine Le Sauvage (Chanaleilles)
au Gîte du Gévaudan (Les Estrets), 20 km

Bon déjeuner dans la belle salle à manger du Sauvage.

Avant le repas je sors faire quelques photos. L’ombre des immenses bâtiments de pierre obscurcie les photos mais je n’y peux rien. Je tente quand même de capter l’impression de massivité et solidité des grosses pierres et des murs épais. Pas de doute dans 100 ans le Sauvage devrait être encore debout.







Je n’ai vu qu’une partie de l’intérieur. Il y a bien des portes et des racoins. Pour se rendre à notre dortoir c’est même assez mélangeant. Des portes qui ouvrent sur des portes et un escalier qui devient de plus en plus étroit alors qu’on monte. Si mes souvenirs sont bons, à notre niveau (3ième ?) il y avait un protecteur pour ne pas débouler (vague souvenir d’un incident comique avec Éric qui avait foncé dans le truc en question lol)

L’extérieur peut paraître assez austère mais inonder de soleil et avec une belle verdure dans les champs ça doit être complètement différent. Malheureusement, malgré un soleil qui perce par endroit, la matinée est quand même fraîche et mouillée.

On se met en marche et on se réchauffe rapidement.   On croise toutes sortes de lieux de dévotions catholiques.  Certains décorés de façon humble et un peu naïve (cela dit sans méchanceté).


 



Beaucoup de croix de chemin, en pierre, en fer, simples ou très ornementées, qui valent la peine qu'on les regarde de près.


Des vaches encore lol






Beaucoup de côtes. On arrive en haut d’une vallée et peu à peu on descend vers une bien drôle de ville. On est pour le moins étonné de croiser des bâtiments « buanderie », « administration B », « ergothérapie », etc. Finalement, rendu au fond de la vallée, on apprend que nous sommes dans le plus célèbre hôpital-village de France, St-Alban-de-Limagnole. Un hôpital dont les bâtiments roses s’éparpillent vers le village.

« Le centre hospitalier François-Tosquelles se situe à Saint-Alban-sur-Limagnole, chef-lieu de canton situé à 950 mètres d'altitude dans le département de la Margeride en Lozère. C'est en ce lieu éloigné de tout, au milieu d'un paysage composé de montagnes et de hauts plateaux, que le frère Hilarion Tissot décide de fonder un asile qui deviendra par la suite un des plus célèbres de France. » Pour en savoir plus http://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_hospitalier_Fran%C3%A7ois-Tosquelles

On mange à la sortie de St-Alban sur une table à pique-nique.  Voici mon dîner: un morceau de fromage, une tomme de La Clauze (village où nous avons fait une pause), un délicieux saucisson sec, des canneberges séchées et une clémentine

On reprend la route ensuite


Naturellement, toutes nos descentes sont suivies par des remontées . On traverse ensuite une belle forêt de pins rouges. Plusieurs sont par terre, arrachés par une mini-tornade.   On rencontre aussi cette curieuse cabane... repère d'une sorcière, oeuvre des scouts, cabane de sauvetage ?


Nous sommes en hauteur et il fait enfin ensoleillé et chaud. C’est comique car on bronze d’un seul côté.


On traverse de beaux villages de pierre mais ils sont souvent déserts. On croise bien peu de gens. Malheureusement, on ne voit pas de petits cafés, bars ou casse-croûtes.

On file donc vers Les Estrets. Gérald et moi y arrivons en premier. Le gîte du Gévaudan est neuf, bien situé, endroit tranquille, cour verdoyante, beaux aménagements pour faire la lessive, terrasse pour prendre une bière, etc. Le dortoir est beau, chaleureux, aéré avec une belle porte patio et une salle de bain extra.




Le souper est bon, sans plus : Nouille, bœuf, fromage, dessert et vin pour 32 euros (demi-pension).


Après souper je me promène un peu dans le village, le cimetière qui jouxte la petite chapelle est tout au centre. C’est tellement tranquille que je rencontre un chien qui fait la sieste au milieu de la rue ! :)







Au revoir petit ami, méfies-toi des autos !

jeudi 4 octobre 2012

Jour 5 sur le GR 65


Départ vers 8 h 8h 30 (comme toujours) par un matin un peu frileux.

La Margeride gîte communal et centre communautaire.
La cafétéria est devant l'arbre.

Robbie marcheur infatiguable et Sophie

Les petites rues de la ville de Saugues


Nous tâchons d’établir une discipline comme d’acheter notre dîner du jour, soit la veille, soit le matin. C’est quand même étonnant comment parfois un truc en apparence simple comme de trouver quelque chose à manger pour la journée peut devenir compliqué dans notre condition de randonneur. Il ne faut pas que ça coule, que ça se gaspille à la chaleur, que ça s’écrase, que ça se mange trop mal, que ça prenne un couteau, etc. Pour plusieurs d’entre-nous ça se soldera, vite fait bien fait, par un fruit (éviter la banane lol), une canne de salade de thon en boite (il y en a plusieurs variétés en France), une barre de chocolat, etc. D’autres préfèrent une baguette, quelques tranches de jambon et ils assemblent le sandwich en cours de route. D’autres encore, l’achètent tout fait mais ça peut revenir assez onéreux à la longue. Moi je ne suis pas maniaque de ces gros sandwichs a croûte dure, je trouve que ça se mange mal.

Quoiqu’il en soit, il faut dénicher une épicerie ouverte, ou encore une boulangerie ou une pâtisserie… ce qui n’est pas toujours facile très tôt le matin ! On se promène un peu dans le vieux Saugues, on dégote un petit commerce ouvert et on fait nos achats. Pour certains c’est rapide, pour d’autres moins. Parfois l’inspiration ne vient pas et on tourne dans les allées comme des âmes en peine.

Pendant que j’attends mes amis, je découvre un petit local près de l’église de Saugues où une dame âgée peut tamponner notre crédential. Elle est sympathique cette dame et on jase quelques minutes ensemble. Elle me raconte que les pèlerins lui envoient des cartes postales de leurs coins de pays à leur retour. Elle est heureuse de me montrer une photo d’elle avec des Bouchard de Chicoutimi et plusieurs autres Québécois. C’est dommage de devoir partir. C’est un des « renoncements » du pèlerinage, tous ces gens intéressants que l’on croise sans pouvoir approfondir la relation, que ce soient marcheurs, hôtes ou habitants, ils ne font que passer dans notre vie et nous dans la leur.

La dame de l'accueil des pèlerins de Saugues

Après cette rencontre, nous tournons autour de la Tour des Anglais qui est située au cœur de la vieille ville. Son architecture est bien étrange et un brin menaçante je dois l’avouer. Le ciel se dégage un peu et je réussis quelques belles photos !

Un brin d’histoire sur cette tour:

« Dès le début du IX° siècle les Sires de SAUGUES construisent certainement un premier château. Mais la construction du château médiéval revient aux Barons de Mercœur en 1151. La tour est alors le donjon du château seigneurial, constituant ainsi le système central de défense de la ville. »

Revenons sur l’appellation « Anglais » : nous sommes en pleine Guerre de Cent Ans qui oppose la France et l’Angleterre. Les combats se font en territoire français. Des Français se mettent alors au service du roi d’Angleterre, ce sont des mercenaires qui louent librement leur épée.

« Dès 1360, les belligérants, signataires du Traité de Brétigny, avaient licencié les mercenaires. Mais ceux-ci, ces "routiers" battaient malgré tout la campagne, vivant de pillages, redoutés des populations qui les appelaient "ANGLAIS". Ce fut au début du mois de mars 1362 qu'une troupe d'"Anglais" commandée par PERRIN BOIAS, dit PARCIMBOURG, réussit à prendre la ville, par surprise ou par trahison.

Pour reconquérir la ville et débarrasser le Gévaudan et le Velay des routiers qui y sévissaient, le roi Charles V intervint. Les troupes royales assiégèrent longtemps la ville. La résistance des Anglais fut telle qu'il fallut négocier : déjà l'argent était plus convaincant ! »

J’imagine donc que les « Anglais » devaient finalement s’être retranchés dans la tour, ce qui value son nom au massif bâtiment.

« Chef-d’œuvre d’architecture militaire de la fin du XIIe siècle, classée aux Monuments historiques, la tour des Anglais fut restaurée et aménagée à l’initiative de Lucien Gires dans les années 70. Depuis, des expositions fréquentes sont présentées avec des peintures, photos, sérigraphies et aquarelles sur la vie en Pays saugain. Du sommet de la tour, au-delà des trois couleuvrines en bronze, un magnifique panorama sur le pays de la bête du Gévaudan s’offre à vous. » Voilà vous en savez autant que moi. Il était trop tôt pour visiter le musée :(

Ensuite, il est important de préciser que nous sommes en plein Gévaudan et qui dit Gévaudan dit la Bête ! Et notre parcours des prochains jours sera parsemé de belles sculptures de l’animal mythique en question.

« La Bête du Gévaudan est un animal à l'origine d'une série d'attaques contre des humains survenues entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767. Ces attaques, le plus souvent mortelles, entre 88 à 124 recensées selon les sources, eurent lieu principalement dans le nord de l'ancien pays du Gévaudan La « Bête du Gévaudan » dépassa rapidement le stade du fait divers, au point de mobiliser de nombreuses troupes royales et de donner naissance à toutes sortes de rumeurs, tant sur la nature de cette « bête » – vue tour à tour comme un loup, un animal exotique et même un loup-garou, voire un tueur en série à une époque plus récente — que sur les raisons qui la poussaient à s'attaquer aux populations — du châtiment divin à la théorie de l'animal dressé pour tuer. »

Magnifique fontaine d'eau potable (excellent pour les pèlerins)

Détail de la fontaine sûrement une bête du Gévaudan



Maintenant, prenons la route. Dans ma tête, la journée devait être pépère hahaha. Au sortir de Saugues, une bonne descente nous attend, suivit d’une bonne montée vers la campagne. On traverse plusieurs fermes de pierre. Ça me plaît vraiment beaucoup :)






Petite anecdote : dans une ferme je vois une muraille de pierre et une haie, je fais une bout de chemin et me cache pour mes… petits besoins :) Je baisse mes pantalons en vitesse et… expose mon illustre derrière qui attrape une grande graffigne sur des ronces. Le lendemain je vois qu’elle fait au moins 4 pouces de long !  Sur l’entrefaite, arrive vers moi un chien de ferme, vous savez le modèle « je ne suis pas un chien de salon moi ! » Il ressemble à mon chien avec une tache blanche sur le poitrail. Ami ou ennemi ? J’ai toujours les culottes baissées moi là ! pas question de faire de mouvements brusques. Je tend la main. Il approche et sent et hop !!! En moins de deux, j’ai une grosse lichette d’amour dans le visage. Je suis adoptée fiouf !!! Il me suis sur plus de 200 pieds et avertit les autres clébards que je suis SA pèlerine lol




 À La Clauze, nous faisons la pause à une magnifique halte extérieure, superbement décorée, ou on peut acheter des fromage du pays, des desserts maison, des bières locales, eau, etc. C’est aussi un gîte à la ferme. Je m’achète un tomme aux noisettes et un dessert au pêche.











C’est là aussi que nous visitons le site de la Tour des Anglais de La Clauze. Drôle de ruine médiévale d’allure phallique !

Les restes du château de La Clauze, au nord de Thoras : un donjon octogonal du XIIe siècle encore debout, les bases des murs et des tours d'angle, également du XIIe siècle, un corps de logis restauré et encore habité (il s'agit de l'ancienne maison dite de l'instruction, qui abritait l'intendance du château). Le caractère exceptionnel de la tour heptagonale juchée sans fondations sur un socle granitique, prouve l’étonnante habileté des maçons et des tailleurs de pierre du Moyen-Age. C’est l’un des plus beaux exemples de l’architecture seigneuriale de cette époque dans la région.  Les tours ayant 7 cotés, comme celle de la Clauze, sont rares (d’après les statistiques, il y en aurait moins de 5 en France).

Ensuite nous poursuivons en direction du Domaine du Sauvage à Chanaleilles . Sur le GR65 le domaine du Sauvage a semé la controverse parce que le GR a été détourné pour des raisons économiques pour y passer mais aussi parce que parfois les pèlerins y ont été mal accueillis. Pour ma part, ce fut une expérience très positive.

Nous voyons le Domaine longtemps avant d’y arriver vraiment, ça paraît long. Heureusement les dernières courbes valent la peine. On y voit des champs de jonquilles sauvages ♥♥♥ ainsi que la grange qui a sûrement servi au tournage de St-Jacques la Mecques de Colline Serreault.

Mais qu’est-ce que le domaine du Sauvage

« C'est une ancienne « dômerie » de Templiers, rachetée par le département de la Haute-Loire, qui la donne en location pour l'élevage de bestiaux. Grâce à quoi, on y trouve, à la fois gîte, produits de la ferme et un accueil digne de ce cadre merveilleux.

À 1 292 m d'altitude, isolé au sommet de la Margeride, face à une large vallée orientée au nord, le « domaine du Sauvage » comporte des bâtiments en pierre de taille, au bord de la forêt et bordés de pièces d'eau alimentées par la Virlange, ici proche de sa source.

Confisqués en 1314 comme tous les biens de l'ordre des Templiers, domaine et hôpital auraient été dévolus à l'Hôtel-Dieu du Puy, les revenus allant aux hospitaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et le culte étant assuré par les prêtres de Saint-Médard de Saugues. »

Le Domaine du sauvage ce sont des murs immenses, larges d’un bras, fort et solide pour résister encore 1000 ans ! C’est aussi une initiative paysane pour offrir des emplois aux gens du cru et des débouchés pour leurs produits.  Au jour 6 j'ai le temps de prendre des photos du Domaine en extérieur.

Les dortoirs sont chauds, propres et aérés, et surtout, les salles de bains sont propres, modernes et nous disposons de sèches serviettes électriques qui deviennent sèche tout :)




La salle à manger qui sert aussi de salle d’accueil des pèlerins de passage est spacieuse et élégante avec des plafonds très hauts de belles boiseries et pierres mises en valeur. On peu y déguster des liqueurs du pays, des crèmes-glacées, bières, etc. Il y a une petite boutique ou on peut acheter des produits locaux.

Le repas du soir est excellent ! Soupe d’ortie, patates dauphinoises (ça j’aime trop !!!), bœuf braisé au vin rouge, fromage faisselle et dessert (le vin n’est pas inclus). La demi-pension est de 32 euros.

Ainsi se termine ma troisième journée de marche sur le GR 65, la distance Saugues-Le Domaine du Sauvage est de 20 kilomètres.