mercredi 12 octobre 2011

Mon pèlerinage

Février 2011, j'écrivais un billet "quand on a un rêve" qu'on peut lire ici
Octobre 2011, qu'en est-il de ce rêve ?  Il grandit et il me fait grandir.

Je compare cela à des fiançailles, le mariage c'est pas seulement un but qui ne prend son sens qu'une fois atteint.  Les fiançailles sont aussi un plaisir.  L'attente, l'anticipation, la préparation offrent une pléiade d'émotions qui sont intéressantes à vivre.  Je ne vis pas seulement des émotions positives.  Tiens je me suis payée une bonne vague d'angoisse la semaine passée:  je regardais mon beau sac à dos 35 litres avec découragement.  NON jamais tout rentrerait la dedans !  En panique, j'ai écrit à plein de gens et on m'a répondu avec gentillesse et humour.  Ça va mieux là.

Mon pèlerinage, il est déjà commencé.  Il m'apprend l'autonomie, la planification, la débrouillardise, etc.
Il a commencé à m'apprendre tout cela en mai quand j'ai fait le Tour de l'île aux Coudres et que j'ai tout arrangé seule et dormi seule dans une chambre à l'auberge.  Pour moi, c'était une étape de franchie, parce que la dernière fois que j'avais couché seule dans une chambre louée j'avais fait une crise d'angoisse et cela me faisait très peur.

Acheter le matériel n'est pas non plus toujours évident: bottine ou chaussure ? imperméable ou non ? combien de litre le sac ? quel prix ?  Avec ou non de sac à eau (camel back)  ?  Imperméable ou poncho couvrant le sac à dos ? sac de couchage ou "sac à viande" ? etc etc etc

Et puis partir où ?  En Espagne ? En France ?  Si en France alors laquelle des 4 grandes routes ?

Partir avec qui ?  Avec quel budget ? 

Acheter quel guide de voyage ?  Dormir où ?

Je lis mes amis !  Je lis chaque jour !  J'en suis fébrile.

Maintenant, il me faudra aussi apprendre l'abandon et la confiance.  Je ne peux tout planifier, il faut aussi laisser le camino nous parler, nous former, nous bercer.  Je suis croyante, je ne l'ai jamais caché, à ce stade peut-être qu'une petite prière pourrait me permettre d'alléger un peu mon sac à dos émotif :)

Quoique il en soit, amis lecteurs, le projet prend forme et selon l'expression consacré, vraiment opportune dans ce contexte: "Et si Dieu le veut" je prendrai l'avion Montréal-Lyon quelque part autour du 7 mai 2012, pour me rendre à Puy-en-Velay pour parcourir pendant près de 30 jours la Via Podiensis en compagnie d'une amie que la Providence à remis sur mon chemin.  Une amie qui m'a dit lors de notre retrouvaille "Tu sais quand tu m'as parlé de Compostelle la première fois, ce fut comme un appel, qui ne m'a jamais quitté ensuite !"  Ça c'est pas du hasard !


Pour le moment, je marche ici en pensant à Compostelle et je lis en pensant à la marche que je ferai là-bas :)

lundi 16 mai 2011

Le tour de l'Isle-aux-Coudres

D’abord, vous devez savoir que pour moi le tour de l’île aux Coudres avait une dimension très symbolique, initiatique je dirais même. C’était pour moi un pas de plus dans la matérialisation de mon pèlerinage à Compostelle.


Quelques jours avant de partir j’avais réservé mon auberge à St-Joseph-de-la-Rive. Connaissant un peu le patelin, je savais que l’autobus ne passait pas par ce village, je me suis donc informée à mon aubergiste de la manière de me rendre chez-lui. Ce fut ma première agréable surprise : il pouvait lui-même venir me prendre au terminus de Baie-St-Paul moyennant un coût très raisonnable. Pour 8$ le monsieur c’est tapé 15-20 minutes (au moins pour un allée et la même chose pour le retour). Déjà il avait toute ma gratitude !


Je suis donc partie de Baie-Comeau à 7 heures du mat. Quand je vous dit que je voulais me mettre dans l’esprit du pèlerinage, c’était le début, parce que franchement je suis tout le contraire d'une lève-tôt ! Je suis arrivée à Baie-St-Paul à 12h 35. Sur le chemin l'aubergiste me dit que suite aux annulations (dues à la météo peu clémente) je peux avoir une chambre dans l’auberge et non dans le motel comme prévu. Alléluia ! Moi qui avait un peu peur du motel je suis vraiment heureuse de ce changement.  L'auberge, centenaire, est merveilleusement bien située.  Elle est bien rénovée et coquette sans excès.


Vers 13 h 30 je trotte dans le village, beaucoup d’attractions touristiques sont encore fermées, mais il me reste le fleuve, les vieilles barques oubliées sur la berge, les herbes hautes, les outardes, le chemins de fer, etc.


Je rentre pour souper. Dans le salon de l’auberge je rencontre une dame qui marchait quelques minutes plus tôt près du quai, on jase un peu ensemble et je lui demande si elle veut souper avec moi. Ce sera ma première rencontre, magnifique rencontre. Une dame passionnante de 65 ans a des milles et des milles de ma propre vie, mais si incroyablement proche que c’est à peine imaginable. Pendant 3 heures, alors que la salle se remplie peu à peu de joyeux pèlerins, autour d’un repas délicieux de produits du terroir, nous allons parlé de nos vies, une discussion intime, passionnante, troublante, qui vous fait croire qu’il n’y a pas de hasard dans la vie.


À 21 heures on se quitte et à 21h 30 je suis sagement au dodo. Et je m’endors calmement en toute confiance et, pour moi, dormir seule dans un lieu nouveau c’est un grand défi.

Samedi matin à 6h 45 je suis debout, trop nerveuse pour continuer mon dodo. La température n'est pas assez clémente pour amener ma caméra Nikon. Tant pis, c’est pas la fin du monde.

En enfilant mes vieilles godasses de marche je découvre, effarée, qu’elles sont déchirées sur deux pouces de long sur le côté. Le suède a lâché, mort de sa belle mort. Je ne sais pas comment je n’ai pu voir cela avant ! Si il mouille à « sciaut » je suis vraiment dans la merde, parce que l’eau va rentrer immédiatement sur mon bas. Mais je n’y peux rien et je suis la première étonnée à me dire : « qué séra séra ! » c’est hors de mon contrôle.


Les déjeuners sont servis à partir de 7 h 00, déjà vers 7 h 30 la salle à dîner est pleine. Je vois une jeune femme assise seule, je lui demande si je peux m’asseoir avec elle. On jase en mangeant et encore une fois on se découvre des affinités. On fera un bon bout de marche ensemble, se retrouvant se perdant tout le long du jour.


À 8 H 30 je suis sur le traversier en direction de l’île. Malgré la bruine on sent l’excitation dans l’air. Nous sommes environs 371 marcheurs, c’est sous la moyenne. L’an passé ils étaient 800 sous un soleil éblouissant. Moi j’ai pour mon dire que, beau pas beau, sur le camino, on se lève et on marche ! Pas un instant je n’ai regretté ma décision.  En fait, il ne pleuvra pas véritablement, il y aura du vent et une bonne bruine qui colle à la peau et perle dans les lunettes, mais la plupart des marcheurs ont des impers.  Moi j'ai un poncho de pluie à 1 $ qui fera parfaitement l'affaire ! lol


Les gens ayant déjà fait 1-2-3 ou même 4 fois une des parties du chemin de Compostelle ont un petit ruban rose et on peut leur parler librement. Ils sont tous très ouverts.  Je ne me gêne pas je pose des tas de questions.


Le tour de l’île s’engage sur un bonne côte, comme à St-Jean-Pierre-de-Port. On s’élance et la longue filée des marcheurs se met en branle. On fera ainsi les 13 premiers km. On cherche les toilettes, on regarde un peu les paysage, on jase et on marche !


L’heure du dîner est bienvenue. Une boisson chaude, une boite à lunch livrée par l’hôtel ou la boulangerie ça fait du bien. Je retire mes chaussures, j’ai un peu mal au talon, ça chauffe mais rien de plus. Je repars ensuite d’un bon pas. Je sais alors que je vais finir la distance sans problème car il me reste une bonne réserve d’énergie.


Pour la deuxième partie du trajet, 10 km, je marche un moment seul. Ça me convient, puis sans effort, j’accroche un fil de conversation et j’engage la discussion avec une dame de la Charlevoix, véritable globe-trotteur.


Tout à coup, je réalise que c’est presque fini, déjà… On reprend le traversier, on remonte la côte vers l’auberge ou on grimpe dans sa voiture. Au total j'ai fait 25 km sans trop de peine.  Les gens s’égrènent chacun de leur bord. Les reverrais-je ? Je comprends alors les liens qui peuvent se tisser sur la route de Santiago. Je m’inquiète un peu, serais-je la seule qui dormira une deuxième nuit à l’auberge ?


Au retour vers 16 h, je piquerai bien un petit somme, je prend plutôt une douche bien chaude, j’examine mes pieds, de ce côté tout va bien.


18 heures arrivent, je descends pour le souper.  Un couple s'informe si il y a encore des marcheurs, je suis là moi.  On engage une joyeuse conversation et on décide de souper ensemble.  Après souper on se donne rendez-vous pour un petit rallye GPS, la dame étant une adepte du géo-cache.


Vers 10 heures on se quitte, le monsieur prend une petite photo, j'espère bien la recevoir bientôt.
Ensuite, je repars faire une longue marche en attendant ma famille qui viendra me prendre vers 13 heures.


Ce fut une fin de semaine extraordinaire.  Ce qui m'a le plus touché est l'impression de faire partie d'une communauté.  Lorsque je suis avec les coureurs, les marathoniens ou autres.  Je suis une étrangère, je n'ai pas les mêmes préoccupations, aspirations, objectifs qu'eux.  Je ne suis pas vêtue ou chaussée comme eux.  En fin de semaine j'étais comme un enfant accueilli dans une grande famille chaleureuse.


Et les gens que j'ai rencontré resteront dans mes coups de coeur ♥ 
Merci Kathleen, Véronique, Jean-Charles, Nathalie, Hélène et les autres xxx

Outardes

La pointe de St-Joseph-de-la-Rive

Chenail de l'île aux Coudres

samedi 16 avril 2011

Des ailes pour Compost'aile

Cette semaine, quelques problèmes de santé m'ont coupé les ailes et cloué lamentablement au sol, comme comme si, tout-à-coup, mon sac-à-dos de pèlerin était plein de gros cailloux lourds et encombrants.

 Malheureusement, je me suis prise à douter de moi, de mes forces, de ma santé.  Moi qui me plaît à répéter que j'ai une santé de fer et que j'attrape bien peu de ces fameux "maux qui courent", je vais peut-être devoir réviser ma position.  La fameuse prémémopause qui devait m'apporter des bouffées de chaleur me donne plutôt froid dans le dos: je suis menstruée depuis 3 mois presque sans relâche !  Pour une personne qui a tendance à faire de l'anémie ce n'est pas la joie.  De plus, j'ai fait deux infections urinaires en 6 mois et mon système intestinal semble se montrer de plus en plus irritable et imprévisible.

C'est pas que j'ai vraiment envie de faire l'étalage de mes petits bobos, mais ça m'amène quand même à me poser LA question: et si je tombais malade sur le camino (chemin) de Compostelle ?  Seule, en terre étrangère, ne parlant pas la langue...

Je déteste cette insidieuse infiltration du doute.  Sûrement que le fait de ne pas savoir ce qui arrive dans ces cas là aggrave mon malaise (quand même ça doit arriver chaque année que des pèlerins soient malades non ?)  J'imagine que plus je vais approfondir mes connaissances sur le pèlerinage et plus je vais être rassurée.  Enfin, j'espère.

Et puis, j'ai si peu d'expérience avec les aéroports, les douanes, les avions, les gares, etc.  Je l'avoue ça me fout la trouille.  Ce n'est pas de marcher 800 km moi qui me fait peur, ni les ampoules, ni les crampes, ni le silence, ni les couleuvres, ni la nourriture étrangère.  Chacun ces peurs finalement.  On combat tous ses propres démons.  Il me faudrait l'expérience de voyage de Femme Libre :)  Tient, une petite marche de 800 km de Arles à la frontière de l'Espagne ou bien de St-Jean-Pied-de-Port à Santiago lui tenterait peut-être ?

Heureusement, ma semaine a, par ailleurs, été hautement positive, mes photos sont suspendues à la boutique qui héberge mon exposition et le vernissage a lieu lundi.  L'exposition coïncide avec les 4 ans de la boutique, la fête va durer toute la journée et beaucoup de gens sont attendus.

Pour la première fois de ma vie, je me suis bâtie un vrai porte-folio en faisant imprimer plus de 40 photos 7 par 10 et en y ajoutant les anciennes.  Il est beau mon porte-folio.  J'ai bien vue que la propriétaire de la boutique était agréablement surprise.  Elle a même demandé l'autorisation pour utiliser une des mes photos.

Et puis quoi encore ?  plein de bonnes nouvelles :)  Je suis officiellement membre l'Association québécoise des pèlerins et amis du Chemin de Saint-Jacques.  J'étais toute émue en contemplant ma carte de membres :)  Je suis aussi inscrite au 10 km marche du demi marathon de Québec qui se déroulera bientôt.

J'ai également pris contact avec Sylvie Cimon Beaudet qui semble être une spécialiste du pèlerinage et qui a écrit 2 livres sur ses expériences sur le camino.  Une dame énergique et sympathique qui offre gratuitement son petit livre "Un chemin ...qui mène à Compostelle".   Ça se lit tout seul en 1 heure.

Et aujourd'hui, j'ai commencé à lire le livre d'André Raymond, une nouvelle parution, qui porte le tire de "Compostelle, le chemin de la sérénité".  Avec son vocabulaire fleurit, mais parfois un peu lourd, l'auteur a le mérite de nous faire sourire tout en nous parlant des joies ET des difficultés de la route.

Je ne sais pas pour vous, mais moi les préparatifs de voyage ça me donne des ailes.  Même si ce voyage n'a lieu que dans un an, ou même deux, de le faire vivre dans ma tête, dans mes yeux, dans mes doigts en tournant les pages d'un livre, ça me rend heureuse, c'est comme des fiançailles ♥

Vous ai-je dit que j'ai un ami qui présentement, à l'heure même ou j'écris ces lignes, lasse ses bottines, enfile sa veste et son sac-à-dos et commence une autre journée de marche sur le camino quelque part en Espagne et que chaque jour il arrête dans un café internet et nous met des photos de sa journée (photo prises avec la caméra qu'il a acheté sur mes conseils lol) ?  Je bénis internet plus que jamais dans ces moments là :)

Ha ça me donne des ailes tout ça :)))  Et pour rester sur le thème des ailes une petite photo, que je trouve magique.  Elle a été prise samedi à Québec, alors que j'avais justement des ailes à mes chaussures.

Les ailes d'un ange

mardi 29 mars 2011

3 petits cochons noirs et un gros rose... histoire surprenante du génocide du porc haïtien

Tu me les casses !

Il y a quelques mois, après le terrible tremblement de terre qui ravagea Haïti, j’avais écrit quelques billets sur l’histoire de ce peuple. Billets que vous pouvez lire ici:
- http://yadesmots.blogspot.com/2010/02/comprendre-haiti-avant-de-loublier.html
- http://yadesmots.blogspot.com/2010/02/comprendre-haiti-pour-ne-pas-loublier.html
-http://yadesmots.blogspot.com/2010/02/comprendre-haiti-pour-ne-pas-loublier_24.html
- http://yadesmots.blogspot.com/2010/03/comprendre-haiti-resume.html

J’étais alors sidérée de ce que je pouvais lire sur la supposée paresse des Haïtiens et autres jugements méprisants et superficiels. Je n’avais pas une connaissance approfondie du sujet mais je soupçonnais que le peuple haïtien ne devait pas porter seul le fardeau du marasme et de la pauvreté et dans lesquelles il s’enfonçait.

Je m’étais alors lancé à corps perdu dans la lecture et, plus je lisais, plus mes soupçons devenaient certitudes. Si bien qu’aujourd’hui, voici ce que j’en dis : « Au banquet haïtien, après que les grandes puissances eurent mangé tout leur soûl et laissé derrière eux une table vide et sale, alors que les valets se remplissent les poches à leur tour, suivant en cela leur exemple, les grandes puissance se retournent et s’exclament après que le tremblement de terre eu jeté la table par terre: Ah ! Mais qu’ils sont donc mal organisés, corrompus et paresseux ces Haïtiens, il faut tout leur montrer ! »

De toutes mes lectures, plus affligeantes les unes que les autres, un épisode récent m’a plus particulièrement touché, sans doute à cause de l’analogie homme noir/homme blanc qui s'en dégage et parce qu’il représente parfaitement le pouvoir des nations extérieures sur le destin du peuple haïtien. C'est celui de l’éradication de la race porcine haïtienne.

Je crois qu'il est toujours d'actualité de faire connaître cet épisode alors qu'encore la semaine passé j'entendais quelqu'un dire que le peuple japonais était donc ben mieux que les Haïtiens pour se relever avec dignitié et efficacité de leur tremblement de terre (sic) !!!

Je vais laisser Jean Métellus, écrivain haïtien, vous raconter en ces propres mots ce que j’ai appelé l’histoire des 3 petits cochons noirs et du gros cochon rose :

« En 1978 apparaît en Haïti la peste porcine africaine (PPA). Aussitôt est mis en route le plan d’éradication de cette maladie par l’abattage du cheptel : la quasi totalité des porcs haïtiens, réputés pour leur robustesse, leur adaptation au climat et leur peu d’exigence alimentaire, a été tué. On estime de 1.2 à 1.9 millions le nombres de porcs disparus.

C’est entre 1981 et 1983 que PEPPADEP (plan d’éradication de la peste porcine africaine et du développement de l’élevage porcin ) a été mis en application. Les conditions d’exécution de ces porcs ont été quasi arbitraires. On peut lire dans certaines sources que "l’abattage semble avoir été décidé sans étude sérieuse et ses fondements scientifiques paraissent fort discutables ! Une région a été déclarée atteinte à 100% sur la basse de 4 animaux testés. Une autre région reconnue indemne à 100% devint quelques jours plus tard « globalement contaminée » une fois prise la décision d’abattage".

«En réalité, cette opération organisée par les USA, le Canada et le Mexique avec l’appuis financier des éleveurs nord-américains avait été conçue pour protéger le continent américain d’une ÉVENTUELLE CONTAMINATION par un foyer décelé en Haïti. Aucune mesure n’a été prise pour sauver cette race de l’abattage systématique. Pour compenser les pertes subies par les paysans (qui avaient souvent été forcé par les tontons macoutes de vendre leur cochon à rabais) on a versé 23 millions de dollars au PEPPADEP et sur cette somme 7.5 millions ont été attribués aux paysans alors qu’on estime à 60 millions de dollars la valeur du cheptel abattu. »

Voilà qui déjà est affligeant, mais Métellus poursuit son récit : « Pour essayer de repeupler le pays en porcs, il faudrait importer de nouvelles races RUSTIQUES, peu fragiles, susceptibles de répondre à certaines exigences de précocité, de prolificité, de satisfaire aux habitudes alimentaires haïtiennes. On retrouves ces races dans l’Asie du Sud-est, en Europe du sud, en Chine, aux Antilles. Le porc jamaïcain semble remplir les critères, tout comme la race créole de Guadeloupe. Mais ces solutions ne semblent pas convenir aux autorités américaines et haïtiennes. Ces instances veulent plutôt un type d’élevage le plus contrôlable possible et récuse donc l’élevage paysan privé, familial, individuel, vital tel que pratiqué avant 1980. Car c’est le porc qui représentait l’épargne du paysan et qu’on vendait pour acheter les médicament et les semences, pour faire face aux besoins d’un mariage, du matériel scolaire et c’est le porc qui consommait les fruits et les céréales avariés, la surproduction de mangues, d’avocats et d’arbres à pain, les résidus de culture, les épluchures, les sons et chaumes, il freinait ainsi la pullulation des rongeurs.

Les races de porcs proposées par les autorités ne correspondent pas du tout aux besoins et situation économique de ce pays. Les porcs de variété européenne et nord-américaine doivent être élevé dans des porcheries industrielles, nourries avec des aliments concentrés, entourées de soins vétérinaires, autant de conditions que le paysan ne peut assurer. CETTE RACE EST DESTINÉE AUX RICHES.

On ne peut manquer de trouver une certaines ironie à cette situation qui oblige le paysan noir à élever un cochon rose sous un véritable toit alors que lui-même n’en dispose pas vraiment.

Les conséquences de la disparition des porcs locaux se sont vite fait sentir. Des religieux ont témoigné des graves problèmes alimentaires qui ont suivi la destruction du cheptel, ayant des conséquences désastreuses comme la chute de 50% de la fréquentation scolaire dans la zone la plus touchée. Le plat national, le griot, a totalement disparu de la table familiale. »

-Jean Métellus « Haïti une nation pathétique » Éd. Maisonneuve et Larose » 2003

Il serait toujours possible d’imaginer que Métellus est de mauvaise foi, qu'il exagère, mais quand les témoignages se multiplient, il faut ouvrir les yeux. On peut lire ailleurs « L'impact alla même plus loin que la perte d'argent ou de protéines. Les fermiers ne savaient plus que faire des mangues qui servaient à nourrir les porcs; à la recherche d'argent, ils vendirent leurs manguiers pour en faire du charbon de bois, participant ainsi au phénomène de déforestation de l'île déjà bien avancé. De plus, ils remplacèrent leurs cochons par des chèvres qui, en mangeant les arbustes, accélérèrent encore le processus. » http://www.pyepimanla.com/decembre-2008/articles/haiti-le-retour-du-cochon.html

Dans une autre source on peut lire également ceci « De plus, pour les célébrations vaudou, le cochon noir est essentiel: son sacrifice scelle les contrats » et encore ceci « (à l’époque) Les spécialistes ne préconisent nullement l’abattage systématique. Ils conseillent d’isoler les troupeaux atteints et, à la limite, d’abattre uniquement ces bêtes. » Mais les Américains sont arrivés à persuader les autorités haïtienne qui fallaient tout abattre. « De plus, l’abattage a été conduit de façon très brutale par les autorités, désireuses d’empocher la prime offerte par les Américains pour chaque cochon éliminé et sans verser son dû au propriétaire.

http://www.pyepimanla.com/decembre-2008/articles/haiti-le-retour-du-cochon.html

Dans « Haïti, économie politique de la corruption » Tome IV. Éd. Maisonneuve et Larose, 2007, Leslie Péan écrit: « À côté des tontons macoutes, les bénéficiaires de l’abattage des cochons créoles, sont ESSENTIELLEMENT, les firmes américaines et les consultants américains qui ont sillonné le pays pendant deux ans pour ensuite empocher de beaux salaires » « L’importation de porc de race « améliorée » (lire une race américaine mésadaptée) se révélera un échec car le coût de l’alimentation de l’animal dépassait souvent son coût de vente… On peut comprendre que les paysans les avaient désignés sous le nom de « prince à 4 pattes ». Leur coût d’entretien était plus élevé que celui du paysan lui-même ! »

Péan poursuit « C’est sous la menace de Washington d’enlever tous les visa aux Haïtiens que le gouvernement haïtien avait du céder aux injonctions lui demandant de sacrifier son cheptel porcin. » N’est-ce pas que ça sent l’abus de pouvoir à plein nez ? Mais de quoi avait donc peur les Américains ? Simplement que la peste porcine se répande en Amérique parce que les races d’élevage intensive, cochons, dinde, poule, vache, sont faibles et vulnérables, pour les protéger on doit sans cesse les gaver d’antibiotique (la joie pour nous…) Alors entre sacrifier les biens des Américains (dans les sens d’habitants des Amériques) et sacrifier les biens des Haïtiens le choix est facile.

Mais, est-ce bien vrai que la race du cochon créole était si affectée par la PAA ? Certains disent qu’un million de cochons était déjà mort de la maladie avant l’abattage, certains contestent ces chiffres et avancent plutôt que le rétrécissement des petites propriétés familiales avait réduit l’alimentation du cochon d’ou son faible taux de reproduction et la diminution du cheptel. On se doute que les Américains n’avaient pas du avoir de scrupules à mettre les risques de la pandémie au maximum (pour se protéger). Avec ce qu’on sait aujourd’hui sur le ridicule des évaluations de risque de pandémie ! Ne sommes nous pas tous déjà morts de la grippe aviaire ou porcine, de la maladie de Lime ou du SRAS ?

« La pauvreté en Haïti est considérée comme un caprice de l’histoire ou lié à la culture, alors qu’en réalité, elle est la conséquence directe d’une relation brutale avec le monde extérieur – notamment les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne (ajoutons le Canada et le Mexique) – qui dure depuis des siècles. » Seumas Milne

Voilà tout est dit...

jeudi 24 février 2011

Quand on a un rêve




Avoir des rêves, des buts, des objectifs, donnez leur le nom que vous voulez, est essentiel à l'être humain. Ils nous permettent de nous propulser dans le futur, ils nous conditionnent, nous motivent. Mais pour réaliser ses rêves, il faut aussi avoir les deux pieds solidement ancrés dans le présent. Les rêves de demain se bâtissent aujourd'hui.


J'aime que le parfum de mes rêves me monte à la tête, qu'il me berce et m'endorme. J'aime que mes rêves n'habitent longtemps à l'avance, qu'ils prennent vie sous mes yeux et se matérialisent de jour en jour comme de longues et délicieuses fiançailles.


J'ai rêvé de la France pendant des années avant de me donner le droit à moi-même d'y aller et encore il a fallu que fiston y soit pour que je remue ciel et terre pour m'y rendre. Quand le signal fut donner dans ma tête, alors mon rêve m'a habité à 100%. Ce temps de préparatifs, de lecture, de visionnement, de prises de notes, etc, fut presqu'aussi délicieux que le voyage en lui-même. De même, j'ai espéré ma caméra réflexe pendant des mois, soupesant le pour le contre des différentes options, lisant des forums, des blogs, etc, avant de l'acheter.


Si je vous parle de cela aujourd'hui, c'est que depuis quelques mois un nouveau rêve c'est imposé à moi. Je dis imposé délibérément. car il y a trop d'évidences que cela est pour moi. La marche (le seul sport que je pratique et qui me comble), le côté historique, l'aspect contemplatif, le culturel, le culinaire, etc


Je vous en ai déjà parlé, mais là je veux que cela prenne pied dans le concret.

Je veux faire le pèlerinage vers St-Jacques de Compostelle !

Je vais faire le pèlerinage vers St-Jacques de Compostelle !


Et je le veux tellement qu'à partir de maintenant je vais faire comme si je me préparais.

Je vais me trouver un bidule quelconque qui me permettra de calculer mon kilométrage de marche pour vous l'indiquer sur le blog, ainsi vous serez avec moi dans mon entrainement.

Cette semaine un ami est venu à la maison. J'ose à peine l'appeler un ami, on se connaît si peu, mais le potentiel est là. Cet ami avait besoin de moi pour lui apprendre les rudiments de sa caméra. J'étais heureuse de partager mes connaissances, mais cet ami avait quelque chose de bien spécial à mes yeux... pour ses 50 ans il se faisait le cadeau de faire le chemin du pèlerin !


Il m'apporta le vidéo de Marcel Leboeuf sur le pèlerinage et depuis je l'ai regardé deux fois. De même, je me suis achetée un livre sur le pèlerinage car je veux m'imprégner de ces images.

Aujourd'hui dans un magasin de vêtements de sport, je me suis informée sur les meilleurs bas (ou combinaison de bas) pour la longue distance et avant hier j'ai marché avec une bonne charge dans mon sac à dos. Je vous le dit je veux que cela soit concret.

Conclusion, je ne sais pas quand je vais faire le pèlerinage vers St-Jacques de Compostelle, ni quelle portion du trajet je vais faire, ni avec qui, mais je vais le faire. Pour mes 50 ans (ça nous laisse quelques années de jeu) ça serait un beau cadeau, une belle réalisation et une manière fantastique d'aborder la deuxième partie de ma vie sur une note positive et stimulante. Je vais assez en parler autour de moi que mes proches auront pas le choix il va falloir qu'ils m'achète mon billet d'avion pour avoir la paix :)))
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PS Afin que vous puissez me suivre dans mes pérégrinations, j'ai ajouté une section à droite de ce blog où je vais ajouter mes kilomètres et autres démarches.
Merci de me suivre :)